jeudi 27 septembre 2007

J'ai acheté des plantes à Mooieoog

On a beaucoup parlé de la décision prise fin août 2006 par la Commune de Merchtem, au nord de Bruxelles, d'interdire aux enfants des écoles communales de s'exprimer dans la cour de récréation dans une autre langue que le Néerlandais. Big Brother is watching you, kinderen! Le malheureux gamin francophone qui aurait le malheur de parler dans sa langue maternelle à sa soeur ou à son copain risque la retenue, voire le renvoi. C'est "schild and vriend" en plus soft!
La Commune de Merchtem fait fort en la matière, puisqu'elle avait même voulu interdire aux commerçants de vendre leurs produits sur les marchés dans une autre langue que le néerlandais.
Dimanche dernier, j'ai visité le salon du jardin dans le parc du château de Beloeil. En terre dite wallonne, où les habitants parlent français. L'organisateur, flamand, avait bien fait les choses. Au bord de l'étang et au milieu des charmilles, son salon ne manquait pas de style et la centaine de commerçants présents offrait une belle palette de plantes rares, d'arbustes, de buis taillés, de mobilier de jardin ou de bains d'extérieur. La moitié d'entre eux venait de Flandre, l'autre moitié se partageait entre wallons, bruxellois, français et hollandais. On y parlait donc autant le français que le néerlandais, l'essentiel étant de se comprendre. Parmi les néerlandophones, nombreux étaient ceux qui n'avaient pas pris la peine de modifier les petits panneaux de présentation de leurs produits pour signifier que roze signifie rose, buksboom buis ou bol bulbe. Et alors? Y eut-il des grincements de dents, des indignations, des évocations de la loi du talion? Pas que je sache. Les amateurs de fleurs aiment les fleurs, qu'elles s'appellent tulipes ou tulps.
Les autorités communales de Merchtem jouent un jeu dangereux: bien sûr l'ostracisme peut mener aisément à la purification. Mais leur attitude est surtout stupide et, si l'on n'était en Belgique, pays d'arrangements, leur décision pourrait se retourner contre leurs propres commerçants.
Elle est d'autant plus stupide que cette interdiction d'usage d'une autre langue que le néerlandais a peu de chances d'être respectée, même par les flamands, car qui parle encore Néerlandais en Flandre? C'est la question que posait Jan De Troyer, rédacteur en chef de TV Brussel dans une carte blanche publiée par La Libre Belgique récemment (voir le billet België Blues). Les parlers sous-régionaux reprennent le dessus... Quelle langue est-on donc censée parler à Merchtem: het néerlandais "pur" of le patois local? Le repli sur soi montre vite l'étroitesse de ses limites.

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