mercredi 26 septembre 2007

PS: on ne se refait pas...

La Libre Belgique de ce jour nous apprend qu'Evelyne Lentzen, présidente du CSA depuis dix ans, ne serait pas reconduite dans ses fonctions par le Gouvernement de la Communauté française (entendez: par le Boulevard de l'Empereur, qui n'a jamais si bien porté son nom). On lui ne reproche pas son incompétence. Au contraire. C'est plutôt sa compétence qui lui vaudrait de perdre cette fonction.
Il y a quelques jours (le 22 septembre précisément), la même Libre Belgique rapportait les propos élogieux de Wolfgang Closs, directeur de l'Observatoire européen de l'audiovisuel: " le CSA de la Communauté française jouit d'une excellente réputation au niveau européen", déclarait-il à l'occasion du dixième anniversaire du CSA. Et LLB d'ajouter: "Joli compliment pour un organe de régulation qui a dû se battre pour obtenir les moyens humains et financiers à hauteur de ses missions."

Pour rappel, le Conseil Supérieur de l'Audovisuel "est chargé de la régulation du secteur de la radiodiffusion en Communauté française de Belgique. Ses missions sont principalement de contrôler le respect des obligations :
• des éditeurs de services (RTBF, télévisions locales, télévisions et radios privées) ;
• des distributeurs de services (câblodistributeurs, Belgacom, Be TV, Proximus, Mobistar, …) ;
• des opérateurs de réseaux (câblodistributeurs, Belgacom, RTBF, …).
Le CSA est composé de deux Collèges : une instance d’avis (Collège d’avis) chargée de rendre des avis sur toute question relative à l’audiovisuel et une instance décisionnelle (Collège d’autorisation et de contrôle) chargée :
• d’attribuer les autorisations d’émettre aux télévisions et radios privées établies en Communauté française ;
• de contrôler le respect des obligations des éditeurs de services, distributeurs de services et opérateurs de réseaux ;
• de sanctionner les infractions à ces obligations." (voir www.csa.be)

Le CSA n'a pas manqué, à plus d'une reprise ces dernières années, de rappeler à ces opérateurs leurs obligations et de les mettre devant leurs responsabilités. Pierre-François Lovens (dans LLB du 22.09.07) considére le CSA comme "mature et respecté", mais ajoutait "même si le monde politique francophone et certains opérateurs peinent encore à tirer tous les enseignements d'une autorité administrative indépendante".
Quelques jours plus tard, le même journaliste nous apprend donc que les enseignements sont tirés: le PS (parti dont Mme Lentzen porte pourtant l'étiquette) ne supporte pas l'indépendance et la rigueur dont a pu faire preuve la présidente, tout au long de ses deux mandats. Elle sera donc "débarquée" du CSA. A l'heure où la pub est de plus envahissante dans les programmes radio et télé, même de la RTBF et des télévisions locales, et où son influence sur les grilles de programmes et son intrusion au coeur même des émissions posent de graves questions, l'annonce de cette probable décision (qui serait imminente) a de quoi inquiéter. L'indépendance a des limites que n'ont pas les lois du marché.
Evelyne Lentzen sera sans doute remplacée par un ancien porte-parole d'Elio Di Rupo, conseiller du centre d'études du PS.
PS, avec un S comme soviétique, comme suffisant, comme subjectif ou comme... socialibéral?

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