vendredi 3 septembre 2010

Mijnheer neen

Chaque matin, le Belge se réveille angoissé. Est-il toujours Belge? C'est la question qui l'assaille. Est-il désormais uniquement Flamand ou Wallon ou Bruxellois ou Germanophone? Ou veuf? Ou orphelin de la mer du Nord ou de l'Ardenne? Il allume sa radio, va chercher son journal. Barak Obama tente-t-il d'amener Elio Di Rupo et Bart De Wever à se reparler? Hillary Clinton a-t-elle su trouver les mots qui apaisent? Yves Leterme fait-il toujours fonction? Refuse-t-il toujours tout commentaire? Le Belge devient insomniaque. Le francophone fait des cauchemars. Il voit Bart De Wever en Gilles de Rais. L'homme est boulimique, insatiable. Il veut tout, n'en a jamais assez. Il engloutit toujours plus. De frites, de gaufres, de transferts. Les transferts passent mieux avec de la mayonnaise. Le soir des élections du 13 juin, il relevait que septante pour cent des Flamands n'avaient pas voté pour la NVA. Il déclarait qu'il ne réclamerait pas de révision de la loi de financement et qu'il était d'accord pour un refinancement de Bruxelles. Aujourd'hui, il estime que les propositions qui étaient sur la table ne conviennent pas aux Flamands. Il parle au nom de tous les Flamands. Il avale même sa parole. C'est le comble de la boulimie. Mais il n'est pas responsable de la crise, assure-t-il. Il appelle à ne pas dramatiser. Le Belge ne dramatise pas. Il reprend des frites. Même s'il sent que son pays dégage une odeur de pourriture. Qu'il va mal. "Le pays va mal / Mon pays va mal / Mon pays va mal / De mal en mal / Mon pays va mal / Avant on ne parlait pas de nordiste ni de sudiste / Mais aujourd'hui tout est gâté / L'armée est divisée / La société est divisée / Même nos mères au marché sont divisées " (*). Le Belge se sent ivoirien. Il ne sait pas pourquoi. Il ouvre une boîte d'ananas.

(*) (Tiken Jah Fakoly).

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