vendredi 24 août 2012

L'animal qui sommeille en nous

Qui dit fauchage tardif dit aussi accumulation de déchets dans les herbes des bords de route. C'est le cas le long de cette voirie qui borde l'Escaut. Un récent fauchage a mis en lumière et en miettes quantité de papiers sur des centaines de mètres, des canettes broyées ou écrasées, des bouteilles en plastique. Un peu plus loin, sur une borne électrique, un graffiti affirme que "la politique ne sert à rien". On ne peut qu'approuver. Les politiques auront beau mener des campagnes de sensibilisation au respect de l'environnement et mettre en place des centres de tri des déchets, si l'homme a décidé de rester un animal sale et grossier, la politique ne pourra pas grand chose.

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Durant cet été, des scouts flamands ont hissé le drapeau flamand au-dessus de leur camp établi en Wallonie. Quel scandale, quelle provocation, dénoncent les braves gens du coin, relayés par la presse. On mesure l'évolution des esprits dans cette Belgique qui se déchire. On a toujours vu, aussi loin qu'on s'en souvienne, les scouts flamands arborer leur lion. C'était un repère qui permettait aux scouts wallons d'identifier le camp à "virer" la nuit prochaine. Entendez par là qu'on retirait, le plus discrètement possible, les piquets, pour que les tentes s'effondrent. Puis, on s'encourait en riant sous cape. Quelques nuits plus tard, les Flamands se vengeaient de la même manière. C'était un jeu. Aujourd'hui, on fait des gorges chaudes d'un drapeau.

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Les Diables Rouges ne connaissent pas les paroles de la Brabançonne, c'est un scandale, estiment certains supporteurs. Leur entraîneur rétorque que ce qu'on leur demande c'est de jouer au football, pas d'étudier l'hymne national. Mais combien de Belges connaissent l'hymne national? Et tant mieux sans doute. Les hymnes et les drapeaux, comme les religions trop souvent, sont des outils d'affirmation du bon droit et de la vérité. La Marseillaise est un chant de va-t-en-guerre: "formons nos bataillons, qu'un sang impur abreuve nos sillons". Laissons les Diables Rouges apprendre à jouer au foot.

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Un conseiller régional français était en vacances en Tunisie, à Bizerte, sa ville d'origine. Il s'est fait tabasser par des islamistes parce que sa femme et sa fille de douze ans portaient une tenue de vacancier.
Inacceptable pour quelque cinquante salafistes qui l'ont frappé à coups de poings, de pieds et de bâtons. Il faut reconnaître qu'ils avaient des raisons d'être énervés. Ils venaient de manifester à la clôture du Festival culturel de Bizerte. Organiser des activités culturelles face à des intégristes, c'est comme agiter une muleta face à un taureau. De la provocation. 

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C'est ainsi que les hommes vivent. Mais où sont donc leurs baisers qui sont censés me suivre?

2 commentaires:

gabrielle a dit…

Qui est l'auteur de la superbe dernière phrase ? :-)

Michel GUILBERT a dit…

Bon, je l'avoue, j'ai modifié la belle phrase d'Aragon (mise en musique par Léo Ferré) "Est-ce ainsi que les hommes vivent? Et leurs baisers au loin les suivent".