jeudi 11 septembre 2014

Poubelle

Réflexion faite, je suis assez content de ne pas avoir partagé ma vie avec une journaliste de Paris Match. Elle aurait écrit dans un livre que dès notre premier rendez-vous je buvais - déjà - un verre de vin blanc, que je n'hésite pas à chanter du Jo Dassin quand je tonds ma pelouse et qu'à la télé je ne regarde que Derrick sur de vieilles cassettes vhs (1).
Des libraires en traitent d'autres de censeurs parce qu'ils refusent de vendre le livre de Valérie Trierweiler. Ils n'ont pas compris que ceux-ci font la différence entre librairie et maison de la presse. Le livre en question n'est qu'une édition spéciale de Paris Match. Les libraires énervés affirment que leur commerce "n'a pas vocation à être la machine à laver le linge sale de Madame Trierweiler" (2).
Qu'une femme, considérée comme "première dame de France", soit blessée d'avoir été trompée et humiliée publiquement, se comprend aisément. Mais la vengeance froide à laquelle elle procède avec ce livre est d'autant plus écœurante qu'elle ajoute un peu plus de discrédit au politique et fait, en cette période sensible, le jeu de l'extrême droite et des populistes. Les politiques, à commencer par le président de la République, sont tous des salauds. Et les très nombreux lecteurs (record de vente battu) des voyeurs. Le livre en question n'est qu'une version, même pas plus classe, d'émissions du style Loft.
Une majorité de Français, heureusement, désapprouve cette littérature de caniveau (3).
Finalement, les seuls qui s'en sortent la tête haute sont ces libraires "censeurs" qui refusent de faire leur beurre avec de la boue.

A propos de l'indiscrétion à laquelle s'adonne et nous convie Valérie Trierweiler, ces lignes de Voltaire:
Mais croyez qu'en ce lieu tout rempli d'injustices,
Il n'est point de vertu, qui rachète les vices,
Qu'on cite nos défauts en toute occasion, 
Que le pire de tous est l'indiscrétion,
Et qu'à la cour, mon fils, l'art le plus nécessaire
N'est pas de bien parler, mais de savoir se taire.
(...)
Cachez vos sentiments, et même votre esprit,
Surtout de vos secrets soyez toujours le maître;
Qui dit celui d'autrui doit passer pour un traître,
Qui dit le sien, mon fils, passe ici pour un sot.
Voltaire, "L'Indiscret", comédie (4).

Lire aussi: http://bescherelletamere.fr/fautes-livre-trierweiler-merci-pour-ce-moment/
Et encore:
http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2014/09/13/merci-moment-xavier-libraire-dit-non-a-trierweiler-oui-a-soral-254826

(1) voir "Ne le lisez pas, Charlie l'a fait pour vous", Riss, Charlie Hebdo, 10 septembre 2014.
(2) www.lesoir.be/647323/article/actualite/france/2014-09-06/enerves-des-libraires-refusent-vendre-livre-valerie-trierweiler
(3) www.lalibre.be/light/societe/livre-de-trierweiler-qu-en-pensent-les-francais-54109ebe357030e6103ef792
(4) in "Voltaire, œuvres d'humour", éditions Omnibus, 2013.

3 commentaires:

Grégoire a dit…

"Sophie Arnaould", c'était moi, en quelque sorte...

gabrielle a dit…

Un joli bandeau du Canard de la semaine dernière: "Cinquante nuances d'aigrie".

gabrielle a dit…

Qui était cette "Sophie Arnaould"? Je ne comprends ni l'allusion ni la référence. :-)