vendredi 26 septembre 2014

Un sauveur nous est donné

A quoi reconnaît-on un sauveur? A son sens du sacrifice et à sa vocation. Sa vie de couple ou de famille passe après sa mission. Lui seul peut aider sa commune, sa région, son pays (biffez l'éventuelle mention inutile) à s'en sortir. Il ne peut rester sans réagir face à la situation dramatique que vivent ses concitoyens. Il est poussé par une force irrépressible. En un mot comme en cent: il se donne.
Nicolas Sarkozy peut sauver la France. C'est son destin. Il l'a expliqué dans un (long) sketch sur France2 il y a quelques jours. Il a changé, dit-il. On ne peut le contester: il est devenu la caricature de sa caricature. Aujourd'hui plus qu'hier, il répond à des questions par d'autres questions. C'est le Socrate de la politique, le Monsieur Jourdain de la maïeutique. On sent qu'il a confiance en l'Homme, que pour lui chacun est capable de trouver la réponse aux questions simples qu'il pose.
Il a entamé sa "longue marche", dit-il. Le voilà en Mao Tse Toung menant son armée à la reconquête du pouvoir. Le voilà en Gandhi, en parangon de vertu et de simplicité.
Le problème énergétique a, pour lui, une solution: le gaz de schiste. Et tant pis s'il a lui-même interdit son exploitation, tant pis si celle-ci cause des dégâts considérables à l'environnement. Ce qui compte, c'est l'indépendance énergétique de la France. Le Sommet de l'ONU pour le Climat, qui vient de se terminer par un échec, fut l'occasion pour tous les scientifiques de la planète de publier des chiffres effrayants et de nous répéter, une fois de plus, que sans changement majeur de politique, nous allons droit dans le mur. Mais qu'importe pour Nicolas Sarkozy pourvu que ce soit lui qui nous y mène?

Post-scriptum: le retour du héros déchu ne suscite pas l'enthousiasme, c'est le moins qu'on puisse constater. Dans la presse étrangère, il n'apparaît pas comme l'homme providentiel.
"Si l'Histoire se répète comme une farce, écrit le journal italien Il Foglio, disons que là c'est bien parti. Avant de sauver la France, Nicolas Sarkozy doit se sauver lui-même, étant donné que les accusations qui pèsent sur lui tournent toutes autour du financement de l'UMP." (...) "La France vacille et n'a pas besoin d'un tel candidat", conclut le quotidien milanais (1).
"Les Français assistent au spectacle berlusconien du retour de (...) Nicolas Sarkozy", écrit le journal espagnol La Vanguardia. "Il dit être un homme neuf, mais bien malin qui peut faire la différence avec l'ancien: grandiloquence dans les annonces, vacuité dans les contenus." Le journal barcelonais constate qu'il n'a jusqu'à présent proposé aucune idée, aucun programme: "il ne s'est engagé sur rien de précis, se cantonnant à son rôle de victime injustement poursuivie par des juges qui enquêtent sur les multiples délits qu'il aurait commis." (...) "En somme, peu de politique, beaucoup de communication, et surtout des messages à la première personne du singulier." (...) Son retour ne suscite guère d'enthousiasme. Les Français gardent en mémoire ses gesticulations permanentes, sa tendance à privatiser la fonction présidentielle, ses méthodes dignes de Big Brother." (2)

(1) 20 septembre 2014, in Le Courrier international, 25 septembre 2014.
(2) 22 septembre 2014, in Le Courrier international, 25 septembre 2014.

A écouter à ce sujet:
la chronique de François Morel ce matin sur France Inter.
A voir:
http://www.lalibre.be/light/insolite/sarko-revient-l-interview-de-sarkozy-deja-parodiee-5423f13d35708a6d4d58ea1d
A lire:
http://rue89.nouvelobs.com/2014/09/19/retour-sarkozy-explique-a-hibernatus-254941

2 commentaires:

Michel GUILBERT a dit…

D'autres candidats à la présidence de l'UMP ont déjà écrit au CSA pour exiger un temps d'antenne égal à celui de leur collègue et concurrent...

Robert Guilleaume a dit…

En invitant Sarkozy, France2 savait que l'émission allait cartonner. Sarko fait vendre du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola. A moins que ce ne soit le contraire.