mercredi 14 juin 2017

Indignations sélectives

S'indigner est facile. N'importe qui peut le faire. La preuve avec ce blog depuis dix ans.
Mais pour s'indigner encore faut-il accepter de voir la poutre qu'on a dans l'œil et pas uniquement la paille dans celui de son voisin, comme disait un certain Jicé.
La députée belge Laurette Onkelinx s'indigne: "n'y a-t-il pas des limites à vouloir salir des jeunes tout simplement parce que leurs parents sont des mandataires publics?", demande-t-elle (1), mécontente de lire dans la presse que deux de ses enfants, comme d'autres rejetons d'autres mandataires socialistes, occupent un emploi dans des organismes publics bruxellois. "Comment accepter que cette violence se tourne vers mes enfants?", dit-elle encore, la main (on l'imagine) sur le cœur (qu'elle a si grand).
Celle qui est élue depuis trente ans et a occupé sans discontinuer différents postes de ministre durant vingt-deux ans (de 1992 à 2014) avant de tenter de se poser en leader de l'opposition à la Chambre, ne semble pas voir qu'il n'y a pas là de violence envers ses enfants, mais un écœurement à voir tous ces mandataires, qui osent encore s'affirmer socialistes, s'avérer insatiables et affairistes et profiter de toutes les occasions qui s'offrent à eux pour s'enrichir un peu plus et intervenir pour trouver un job à leurs enfants. Ce qui choque, c'est de voir que de l'argent censé être utilisé pour secourir les citoyens les plus abandonnés, ceux qui vivent dans la rue, passe dans les poches de mandataires qui touchent déjà de très honnêtes indemnités pour leur fonction. C'est ça qui est violent. Ce n'est pas à leurs enfants qu'on s'en prend, c'est à eux, à leur suffisance, à leur cynisme, à leur déconnexion de la situation sociale de leurs sujets (2). Ce sont les mêmes qui justifient le cumul des mandats par la nécessité de connaître le terrain. Le connaître ou en profiter sans scrupule?
Depuis longtemps, à force d'user et d'abuser du pouvoir, le Ps est devenu un parti de notables qui en sont arrivés à penser que tout leur est permis. Les électeurs du Ps vont-ils enfin comprendre que ce parti n'est plus, depuis trente ans au moins, celui des travailleurs, mais celui d'une caste qui conserve le pouvoir pour lui-même et pour les siens? Elio Di Rupo, président à vie du vieux parti, a un jour déclaré "j'en ai marre des parvenus". C'était en 2005 (3). Depuis, tous ces jeunes espoirs du Ps, tous ces démocrates vertueux qui allaient révolutionner les mœurs du parti rose bonbon ont été rattrapés par la culture du parti. Visiblement, on n'y échappe pas.
Le sourire perpétuel de commerçante de Laurette Onkelinx s'est figé à l'écoute du billet (drôle et bien ficelé  - à voir (4) ) de l'humoriste Alex Vizorek au journal de la Première récemment, qui annonçait le passage dans notre ville du "cirque PS". "Alex Vizorek ne vous a pas fait rire?", a demandé à Onkelinx le journaliste Mehdi Khelfat. C'est un "non" bref et sec qui lui a répondu. Et ce petit non nous a autant fait rire que l'intervention de l'humoriste. Brusquement, la redoutable politicienne, connue pour ses emportements, n'avait plus rien à dire. Il y a pourtant tant à dire. Il y aurait pourtant tant de non à hurler.

Post-scriptum: cet article de la Libre B. qui prouve que les ténors du Ps, que ce soit à Liège, à Charleroi ou à Bruxelles, sont tous touchés par la même grangène. Et ils oseraient accuser des partis de droite d'être du côté de l'argent?! http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/en-2001-pascale-peraita-est-licenciee-du-samusocial-pour-faute-grave-et-aussitot-reintegree-593fe0a5cd702b5fbf21e74c

(Re)lire sur ce blog "Ps: comment en finir?", 27 novembre 2006 (publié le même jour en page "Opinions" de La Libre Belgique).

3 commentaires:

Philippe Dutilleul a dit…

Bien d'accord, cher Michel. Je te renvoie aussi à mon blog sur ce sujet élargi à la situation française.... Blogandcrocs.blogspot.com.
Amitiés.
Ph. Dut.

Anonyme a dit…

Ainsi donc, il n'y aurait que le PS Wallon qui en aurait croqué ? Pas très œcuménique tout cela...

Jean

Michel GUILBERT a dit…

Je ne pense pas avoir dit qu'il n'y a que le Ps qui trempe dans les affaires. Le MR (notamment) en a sa part (voir, par ex. le Kazakhgate). Mais, franchement, ce parti qui se prétedn socialiste est gangréné depuis trente ans (au moins) par son rapport à l'argent. Chaque fois, il jure ses grands dieux que c'est fini, f.i.i.n.i.ni, fini. Et quand c'est fini, ça recommence!