mardi 19 janvier 2021

Djemila Benhabib et les islamistes

A l'occasion d'échanges épisto(mé)laires avec un ami à propos de l'islamisme, j'ai retrouvé ma transcription d'extraits du livre de la journaliste Djemila Benhabib, "Ma vie à contre-Coran - une femme témoigne sur les islamistes," publié en 2009. Je l'avais gardée en brouillon. 
Djemila Benhabib et sa famille ont fui l'Algérie dans les années '90, quand elle était mise à feu et à sang par les islamistes. La famille a été accueillie au Québec.
A l'heure où le terrorisme islamiste s'est à nouveau manifesté par chez nous, sans avoir jamais cessé de le faire en Afrique et en Asie, ce point de vue de quelqu'un qui l'a vécu de près et qui en parle avec fermeté, garde tout son intérêt, même douze ans plus tard.  

"Une des conditions de sa mise en échec (de l'islamisme) se trouve dans la marginalisation du système communautaire, vivier de l'intégrisme, et l'adhésion à un système citoyen qui met en avant l'intérêt général et le bien commun." (p. 60)

"Qu'ils prient chez eux! Pourquoi nous demandent-ils de transformer le monde en salle de prière à ciel ouvert pour esclaves aliénés? Au Québec, ils ont même transformé une cabane à sucre, lieu de fête par excellence, en sordide kermesse de névrosés." (p. 124)

"Le contrat a été rompu, comme le sont tous les contrats avec les islamistes. Il n'y a pas d'entente possible entre les fous d'Allah et nous." (p. 125)

"Pourquoi Allah a-t-il besoin que les hommes s'agenouillent et s'aplatissent le front contre le sol? Quel est cet Allah du règne de la servitude? Quel est cet Allah de la contrainte, de la colère, de la jalousie et de la dictature? Quel est cet Allah assoiffé de sang et de sacrifices? Quel est cet Allah qui enferme les enfants dans un système sclérosé et infâme? Quel est cet Allah qui donne aux uns le droit de commander aux autres? Cet Allah ne m'est guère sympathique." (p. 125)

"Le Coran reconnaissait la prééminence des hommes sur les femmes et leur autorité sur elles. Il proclamait que le témoignage de deux femmes équivalait à celui d'un homme, préconisait deux parts d'héritage pour l'homme contre une part pour la femme. Le Coran permettait à l'homme de corriger sa femme et cette dernière lui devait obéissance. On nous parlait de justice et de leur statut exceptionnel, je ne voyais autour de moi que des injustices et des violences. Je ne voulais rien savoir de cet Allah qui n'affichait que mépris et arrogance à l'égard des femmes." (p. 143)

"Il faut qu'on arrête de dire qu'ils (les islamistes) sont des exclus ou des victimes du système. Quand bien même le seraient-ils, est-ce que cela justifie leur barbarie? Ce sont les fossoyeurs de l'Algérie. Les assassins de l'humanité. Ils ne seront jamais les plus forts. Jamais les vainqueurs. En Algérie, les islamistes ne se sont pas contentés de tuer. Ils ont torturé bestialement: arraché des orteils, des dents, des ongles, crevé des yeux, fracassé des côtes, asséné des coups de poignard, violé, égorgé, décapité." (p. 175)

"La plupart des pays européens, et la France en particulier, interprétaient la Convention de Genève de telle sorte que ce sont les islamistes qui obtenaient l'asile politique. Seuls les demandeurs persécutés par un Etat ont été reconnus en tant que réfugiés. La réponse de l'Etat algérien au terrorisme islamiste était considéré comme une persécution. L'Occident a lâché les démocrates algériens, les abandonnant à leur terrible sort, et a permis à bien des islamistes de se réfugier sur son territoire. (...)
Qu'espéraient ces pays occidentaux? Prendre le FIS par la main et le conduire au pouvoir? Que voulaient-ils faire de l'Algérie? Un pays de barbares? L'expérience iranienne ne suffisait-elle pas à les convaincre du cataclysme que serait un Etat islamique? Fallait-il encore plus de victimes, plus de morts, plus de sang, plus de destructions? Fallait-il que l'islamisme leur éclate en pleine face pour qu'enfin ils réagissent?" (pp. 202-203)

"Ce que nous avions fui nous rattrapait-il (en France)? Ce que nous redoutions le plus était-il en train de s'orchestrer à nouveau sous nos yeux pour embrigader les populations maghrébines dans le communautarisme et l'intégrisme? Etions-nous en train de vivre dare-dare l'expérience algérienne sous un angle différent mais non moins terrifiant?" (p. 205)

"L'islamisation passe par le contrôle des filles, sous surveillance du frère, du père, du cousin ou du voisin. La cité devient une extension  du village natal des parents ou pire encore. Le tribunal communautaire s'est élargi. A la difficulté compréhensible pour les filles de se plaindre contre leur famille s'ajoute la volonté de sauver leur peau. Car les filles sont victimes de violences régulières de la part de leurs frères auxquelles assistent, impuissantes, leurs mères." (...)
"Ces femmes islamistes, il ne faut pas les prendre pour des enfants de chœur. Moi, je le dis de manière peut-être très brutale: comme je ne suis pas pote avec les Marine le Pen, je ne suis pas pote avec les femmes islamistes. Je suis contre tous les foulards, qu'ils soient portés à Téhéran, Kaboul, Alger, La Courneuve, Lille ou Marseille, qu'ils recouvrent une partie du corps ou totalement, car les foulards du monde entier expriment une même chose: la soumission forcée des femmes à un programme d'oppression." (p. 214)

"Cet apprentissage du foulard se fait sous la pression de l'entourage, pour amener la fillette à revendiquer son foulard vers 14 ans, en affrontant ses professeurs et en clamant c'est mon choix. Cette recherche ethnico-identitaire des adolescentes se fait sur le dos des femmes et il se trouve de ses défenseurs pour crier au racisme." (p. 215)

"Rima Elkouri, dans La Presse, a rapporté les propos diffusés sur le site Internet d'une association islamiste qui a pignon sur rue: Mets un voile, sinon tu pourrais être violée. C'est ce que l'on recevait comme message tout récemment sur le site Internet du Centre communautaire musulman de Montréal, sous une rubrique visant à informer l'internaute non voilée des supposés dangers liés à sa condition. Ne pas porter le hijab peut entraîner des cas de divorce, d'adultère, de viols et d'enfants illégitimes", disait l'avertissement pour le moins ahurissant. On y disait aussi que celle qui enlève son voile voit sa "foi détruite", adopte un "comportement indécent" et sera punie "en enfer". On y traitait aussi la femme occidentale de "prostituée non payée"." (p. 238)

"Un reportage de la CBC diffusé en mars 2007 et intitulé Who Speaks for Islam? montrait l'intimidation dont sont victimes des musulmans canadiens qui essaient de parler au nom d'un islam modéré, pluraliste et séculier. Des gens qui ont quitté des pays où la liberté d'expression n'était qu'une chimère font l'objet de pressions éhontées au Canada au sein de leur communauté. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est l'impunité dont jouissent les radicaux qui revendiquent la liberté d'expression pour justifier leurs campagnes d'intimidation." (p. 240)

"L'islamisme politique prend racine partout où il peut, y compris au Canada, pour imposer ses diktats aux communautés musulmanes et faire fléchir l'Etat. C'est à travers des revendications aussi saugrenues que farfelues que les fous d'Allah islamisent les sociétés. Que n'ai-je entendu depuis quelques années dans ce pays? Des tribunaux islamiques au port du voile, à la séparation des sexes, des salles de prière dans les universités et les établissements scolaires à la dispense de certains cours, du port du voile pendant les compétitions sportives au refus de certaines femmes de se faire examiner par un médecin de sexe masculin alors que nous manquons horriblement de médecins, en passant par les cours prénataux réservés aux femmes et les cantines scolaires qui deviennent la cible de parents fous et excessifs." (p. 243)

"La politique de la main tendue aux islamistes est la pire des politiques. A vrai dire, le compromis ne les satisfait jamais et c'est là le véritable danger. Je connais trop bien les manœuvres des islamistes. Je sais quelles sont leurs motivations. L'objectif ultime des islamistes, c'est l'islamisation de la société et la prise de pouvoir." (p. 250)

"On se rend bien compte que cette approche (les accommodements raisonnables) ne marche pas. Si l'on observe, par exemple au Québec, le cheminement des juifs hassidiques, leur cas est fort révélateur. Bien que cette communauté ait bénéficié de plusieurs accommodements, depuis des dizaines d'années, elle continue à vivre en marge de la société. Cela montre bien que la politique des accommodements, lorsqu'elle sert des fondamentalistes, ne favorise pas l'intégration. Bien au contraire, elle renforce les communautarismes. Dans le cas des hassidiques, qu'a-t-on obtenu jusqu'ici? Rien de vraiment encourageant. On fabrique au cœur même de notre société des individus communautarisés qui ne mangent que la nourriture de leur clan, qui ne se marient que dans leur clan et qui n'étudient que ce que leur clan leur permet d'étudier. Le pire, c'est la reproduction de ce système de génération en génération. Jusqu'à quand? L'apprentissage de la vie en collectivité passe justement par l'acceptation de l'idée que les citoyens, quelles que soient leurs origines, doivent interagir pour créer des ponts et les consolider. Lorsque les croyances religieuses deviennent des barrières au vivre-ensemble, doit-on s'en accommoder?" (p. 251)

Les islamistes réclament ces accommodements au nom de la liberté individuelle.
"S'ils étaient les champions des libertés individuelles, ils n'auraient aucun mal à reconnaître la liberté de conscience, la liberté de pensée, la liberté d'expression, la liberté d'opinion et la liberté de la presse. Or, ils cherchent à imposer leur vision du monde aux artistes, aux écrivains, aux cinéastes, aux dramaturges, aux caricaturistes et aux journalistes." (p. 252)

Hassan Butt, ancien djihadiste: "en faisant porter au gouvernement la responsabilité de nos actes, ceux qui défendaient la théorie des bombes de Blair se chargeaient de notre propagande à notre place. Surtout, ils empêchaient toute analyse critique du véritable moteur de notre violence: la théologie islamique." (p. 254)

"Des politiciens entretiennent des relations ambiguës, sinon louches, avec des prédicateurs islamistes, qui se sont autoproclamés leaders, imams, représentants, médiateurs ou porte-parole musulmans. En les considérant comme des interlocuteurs valables, ces politiciens leur offrent une légitimité qu'ils n'ont pas et ces derniers finissent par se poser en acteurs incontournables dans leurs propres communautés." (p. 266)
"Si nos politiciens connaissaient réellement la grande richesse et la diversité des citoyens de foi et de culture musulmanes, ils seraient surpris de l'impopularité de ces imposteurs communautaires. Ce ne sont que des escrocs, des charlatans, des menteurs, des manipulateurs, des hypocrites. Rien d'autre." (p. 267)

Djemila Benhabib, "Ma vie à contre-Coran - une femme témoigne sur les islamistes," vlb éditeur, Québec, 2009.

A (re)lire sur ce blog à propos de D. Benhabib:
"Le Club international des sangliers", 25.1.2016;
 "La Danse des 7 voiles", 22.4.2016;
" Rien à voir", 25.9.2016;
"Mauvaise foi", 28.5.2018;
"Cette gauche qui n'aime pas les femmes", 3.8.2018.

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