vendredi 30 décembre 2022

Ces dieux que nous pleurons

Je sais que je ne compte pas beaucoup et vraiment je ne voudrais pas déranger le chœur des pleureuses, mais je ne peux accepter d'entendre que "le monde entier est en deuil" suite à la mort du Roi Pelé. J'aimerais donc qu'on m'enlève de la liste.
Pelé fut meilleur, mille fois, cent mille fois meilleur que moi en football, je ne le conteste pas. Mais comme citoyen, on ne peut dire qu'il fut brillant. On veut bien croire que ce soit difficile de s'affirmer sous une dictature, mais de là à participer à sa gloire, c'est autre chose et particulièrement ombrageant pour l'aura du roi.
Dans le Huffington Post (1), Paul Guyonnet rappelle "son silence et son apathie durant les plus de vingt années de dictature militaire au Brésil, entre 1964 et 1985".  Jamais, écrit-il, Pelé n’aura "le moindre mot pour dénoncer la torture des opposants politiques, les attaques frontales contre les libertés individuelles ou les crimes commis par le pouvoir en place".
"Pire encore, en 1970, alors qu’il est déjà double champion du monde et que l’on dit de lui qu’il est « plus célèbre que le Pape », il se retrouve sans rechigner au cœur de la propagande de la dictature, apparaissant sur des affiches ornées de slogans sans équivoque, comme le relate Le Monde, tels que « Le Brésil, tu l’aimes ou tu le quittes ». Et lorsqu’il conduit la Seleção brésilienne à son troisième titre mondial, il revient fêter la victoire et soulever le trophée à Brasilia au côté de Garrastazu Médici (le dictateur). Peut-être « l’opération de relations publiques la plus réussie de l’Histoire du sport », écrivait en 2013 World Soccer."

D'autres grands joueurs, souligne encore le HuffPost, se sont, eux, affirmés contre la dictature et proches du peuple, tels Socrates ou Maradona. Pelé a toujours minimisé l'existence du racisme au Brésil et a toujours été en bons termes avec tous les dirigeants du pays quel que soit leur bord. Il s'excusait en disant ne rien comprendre à la politique. Par contre, il avait vite compris les affaires. "Pelé aura incarné - bien avant que les termes soient employés - la mondialisation et la marchandisation du football. Premier joueur à multiplier les accords de sponsoring avec des multinationales, le génie brésilien s’affichait encore à près de 80 ans au côté de Kylian Mbappé pour faire la promotion d’une marque de montres de luxe". Il avait tout compris au football et à ce qu'il allait devenir.

(1) https://www.huffingtonpost.fr/sport/article/pele-est-mort-et-sa-passivite-politique-restera-comme-sa-part-d-ombre_212122.html

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