dimanche 26 mars 2023

Suicide silencieux

La terre va mourir et les jeunes Français manifestent pour leur retraite. Ce monde est fou, non ? L'humanité est plus que jamais menacée, il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Mais qui s'en inquiète ? Les Français sont avant tout préoccupés par l'âge de leur retraite 
Que la réforme décidée et surtout la manière de l'adopter choquent, on peut le comprendre, mais ce qui est incompréhensible, c'est que cette mesure mobilise à ce point les foules a contrario de l'indifférence que suscite l'état d'une planète qui se meurt.
Qu'ils la prennent à 62 ou 64 ans, à quoi passeront leur retraite ceux qui ont aujourd'hui 20, 30 ou 40 ans ? A lutter contre les incendies ? A chercher de l'eau, de l'air ?

Comme l'écrit Le Monde (1), l’état des lieux dressé par le GIEC dans son dernier rapport, rendu public il y a quelques jours, n’est guère rassurant - c'est un euphémisme : "les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint des niveaux inégalés. Ces rejets sont à l’origine d’extrêmes climatiques dont la fréquence ne cesse de s’accélérer, avec à la clé des canicules, des sécheresses, des pluies diluviennes et une élévation du niveau des mers". 
Selon Le Monde, "nous sommes au bord du précipice. Les activités humaines bouleversent le climat à un rythme et avec une ampleur sans précédent depuis des millénaires, voire des centaines de milliers d’années, entraînant des impacts toujours plus ravageurs, généralisés et désormais souvent irréversibles. Alors que les vies de milliards de personnes sont déjà affectées, la poursuite des émissions de gaz à effet de serre va renforcer les menaces sur la production alimentaire, l’approvisionnement en eau, la santé humaine, les économies nationales et la survie d’une grande partie du monde naturel."

Les solutions existent, explique le GIEC.  A commencer par la réduction de manière « substantielle » de l’utilisation globale des combustibles fossiles, avec un « usage minimal » des charbon, pétrole et gaz lorsqu’ils ne sont pas assortis de technologies de captage et stockage du CO2 (CCS). Il y a donc urgence à  fermer des centrales « plus tôt que prévu » et à accélérer le déploiement des énergies bas carbone, notamment le solaire et l’éolien, très abordables.
Il faut aussi, écrit encore Le Monde, "repenser les villes, gérer les cultures de manière durable, modifier les régimes alimentaires ou développer les voitures électriques (avec une électricité bas carbone). Dans tous les domaines, la réduction de la demande et la sobriété sont essentielles. Protéger de manière « efficace et équitable » entre 30 % et 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète contribuera aussi à garantir une planète saine. Une mise en œuvre rapide de ces solutions réduira les impacts, les pertes et les dommages, et entraînera de « nombreux cobénéfices », notamment pour la santé et l’économie. Le rapport montre l’importance d’augmenter la finance climat, hautement insuffisante, notamment à destination des pays en développement, et de mener des politiques justes et équitables."

Ce rapport du GIEC, à la fois signal d'alarme et boîte à outils, est un cri dans le désert. Le monde va mourir et tout le monde s'en fout. C'est l'humanité tout entière qui se prépare à une retraite anticipée.
"Dans la fameuse équation de Drake, qui permet de calculer le nombre de civilisations intelligentes potentiellement détectables dans l'univers, il existe une variable essentielle, la variable L. L est une estimation de la durée de vie de ce type de civilisations  avant qu'elles ne se suicident technologiquement en détruisant leur environnement. Quelle sera cette variable pour notre espèce ?" (Bill Diamond, directeur du Seti, Search for Extraterrestrial Intelligence) (2)

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/21/climat-nous-avons-encore-les-moyens-d-agir_6166373_3232.html
(2) Olivier Pascal- Moussellard, "En quête d'autres vies dans notre galaxie", Télérama, 15.2.2023.


1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

Echo pertinent au Printemps silencieux de Rachel Carson, Michel. Je pense aussi aux images des "débats" à l'assemblée nationale et à celles des violences en France, qui doivent faire le régal de la télévision russe...