La position claire et ferme du dictateur russe n'empêche pas Manuel Bompard, coordinateur de cette France dite Insoumise, de plaider, malgré tout, pour une négociation avec lui. Pourquoi ? Hypothèse de Grunberg : "Lui et son parti ne considèrent pas l’enjeu ukrainien comme très important. Que le peuple ukrainien soit réintégré de force à la Russie – et on peut imaginer facilement ce que cela signifie – ne représenterait pas pour eux une catastrophe géo-politico-stratégique. Deux arguments peuvent soutenir cette hypothèse. Le premier est que Jean-Luc Mélenchon a appelé depuis longtemps la France à quitter l’OTAN et que, jusqu’à une date récente, il défendait l’idée d’un partenariat stratégique avec Moscou, estimant que notre pays serait mieux protégé par la Russie que par les États-Unis. Le second est que LFI s’oppose depuis l’invasion Russe à la fourniture d’armes offensives à l’Ukraine alors qu’elle ne peut ignorer que, dans la phase actuelle de la guerre, sans ces armes l’Ukraine risque fort d’être à terme détruite par la Russie. Ces positions laissent ainsi penser que les Insoumis ne sont pas disposés à empêcher à tout prix la défaite de l’Ukraine, préférant même une Ukraine dans le giron russe que dans l’Alliance atlantique. (...) Le pacifisme est toujours naturellement populaire. Il cache parfois cependant de plus sombres desseins."
De l'autre côté de l'échiquier politique, le Front du Rassemblement national, qui apparaît depuis longtemps comme un porte-voix du Kremlin, s'est abstenu récemment lors d'un vote à l'Assemblée nationale sur le soutien à l'Ukraine. Etrange attitude de la part d'un parti souverainiste qui est très critique par rapport à l'Union européenne qui empêcherait les nations de décider de leur sort et qui soutient de facto la Russie qui entend s'approprier par la guerre un pays voisin. Pour l'extrême droite comme pour l'extrême gauche, le sort de l'Ukraine et de ses habitants est sans valeur. Circulez, il n'y a rien à faire.
On voit par là que les pacifistes sont parfois d'hypocrites va-t-en-guerre.
Post-scriptum : Sophia Aram ce lundi 18 sur le même sujet, avec le talent et la verve qu'on lui connaît :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram/le-billet-de-sophia-aram-du-lundi-18-mars-2024-5510991
2 commentaires:
Si je partage totalement cette analyse, je pene qu'il faut ajouter un autre facteur à la position des "Insoumis" sur l'Ukraine : un facteur électoral interne à la France. En effet, le réservoir de voix de LFI se situe dans les banlieues et plus particulièrement dans les populations issues de l'immigration magrhébine et africaine. Ces dernières, comme une majorité du "Sud global", ne s'intéresse pas à la guerre en Ukraine (et contre l'Ukraine comme Etat souverrain aux frontières reconnues... par la Russie) qui leur apparaît "une guerre de blancs". Gaza, dont la situation est effectivement dantesque, est une question internationale beaucoup plus porteuse. Y ajouter un zeste d'islamo-gauchisme, ces populations immigrées prenant la place du prolétariat blanc (qui lui, vote majoritairement RN - 57% de la population ouvrière selon un dernier sondage).
Bien d'accord avec toi, Bernard. Le clientélisme est une plaie de la démocratie.
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