vendredi 22 mars 2024

Sainte haine des femmes

"Préserver les principes religieux et sauvegarder les normes et les valeurs culturelles”, voilà comment un député gambien a défendu un projet de loi visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF) en vigueur dans le pays depuis 2015. Et très peu respectée. L’interdiction de l’excision est, selon ce député, une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion. Exciser les femmes serait donc un droit. Imposé par une religion patriarcale. 

Le parlement gambien compte cinquante-huit députés et quarante-deux parmi ceux qui étaient présents ont voté en faveur de ce texte préhistorique. Seuls quatre députés ont voté contre. Le projet de loi est renvoyé devant une commission parlementaire qui doit effectuer un dernier examen avant un vote final dans trois mois. Selon la BBC, "les militants et défenseurs des droits de l’Homme dénoncent un “dangereux précédent” pour les droits des femmes en Gambie, pays à majorité musulmane et appellent à une mobilisation générale aussi bien à Banjul qu’à l’étranger". A contrario, "plusieurs militants pro-MGF se sont fortement mobilisés dans la capitale pour apporter leur soutien à ce texte". Ainsi donc, on peut militer pour pouvoir mutiler les femmes. Ce genre de rassemblement n’est pas une première en Gambie "où une personne qui est le parent d’un enfant mineur et qui s’oppose à ce que celui-ci subisse une MGF peut faire face à de la discrimination sociétale et à de l’ostracisme parce qu’il va à l’encontre des traditions culturelles ou familiales”, écrivait en 2016 le Home Office du Royaume-Uni. Si cet infâme projet de loi devait aboutir, la Gambie deviendrait le premier pays au monde à supprimer les protections contre les mutilations génitales féminines.

“Les autorités ne doivent pas se concentrer sur l’obligation religieuse et ignorer le mal et la douleur liés aux MGF”, affirme Jaha Dukureh, fondatrice de Safe Hands for Girls. “Nous refusons d’être réduites au silence. Nous refusons de rester les bras croisés pendant que les corps de nos filles sont mutilés, leurs futurs violés et leurs rêves brisés.” D'autres craignent que la levée de cette interdiction ne soit que la première d'une série d'autres, telle celles qui interdisent le mariage des enfants et les violences domestiques.
"Le corps des filles leur appartient et les mutilations génitales féminines les privent de l'autonomie de leur corps et leur causent des dommages irréversibles", écrit le bureau des droits de l’Homme de l’ONU en Gambie qui a également demandé le retrait du projet de loi.

Les imams qui ont fait pression sur les parlementaires sont en train de gagner. Le premier rôle des religions est visiblement de soumettre les femmes, de les priver de tout plaisir et de les maintenir à la maison sous le contrôle des hommes.
La grande marche arrière à laquelle on assiste un peu partout dans le monde se poursuit en Gambie.
Résumons-nous : les imams haïssent les femmes.

https://fr.africanews.com/2024/03/19/gambie-le-debat-sur-lexcision-renvoyee-devant-une-commission-nationale/

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