lundi 18 mars 2024

Tsar system

Pour une surprise, c'est une surprise : le chef mafieux Vladimir Poutine a été réélu à la tête de la Russie pour un cinquième mandat de six ans. Ne dites plus score nord-coréen, dites score russe et même stalinien. Le tueur en série a obtenu plus de 87% des voix. Il est vrai que le choix était restreint : les électeurs avaient le choix entre Poutine. Ce qui ressemble à une mauvaise, très mauvaise blague. Il y avait bien trois candidats fantoches qui étaient censés donner une apparence de démocratie à cette élection, mais personne n'est dupe. D'autant que tous les candidats d'opposition ont été écartés, soit interdits d'élection, soit tués, soit obligés de fuir, soit emprisonnés.

Poutine a reçu un nouveau mandat de chef de guerre, écrit Benoît Vitkine dans Le Monde (1). Avec des médias sous son contrôle absolu, il est aisé pour la clique du Kremlin de faire croire ce qu'elle veut, que la Russie est agressée, menacée et qu'il faut faire confiance au guide suprême, seul capable de sauver l'empire d'on ne sait quel péril et de lui rendre sa gloire. "Ce climat de tensions exacerbées a probablement renforcé le réel soutien dont bénéficie M. Poutine auprès d’une partie importante de la population. C’est même là le génie des propagandistes du Kremlin : avoir réussi à transformer l’invasion de l’Ukraine en une agression occidentale, et une guerre de conquête en un combat existentiel pour les « valeurs traditionnelles » ou la « souveraineté » de la Russie."
Cependant quel crédit faut-il apporter aux résultats ?, s'interroge Benoît Vitkine. "Ces dernières années, le pouvoir russe a multiplié les innovations permettant de rendre moins visibles, voire moins nécessaires, les falsifications les plus grossières : vote électronique ; vote sur trois jours ; réduction drastique des possibilités offertes aux citoyens qui le souhaitent d’observer le scrutin… Résultat : on a peu vu les dizaines de vidéos de bourrages d’urnes ou de votes multiples, qui font le folklore des élections russes depuis que des caméras ont été installées dans les bureaux, en 2012. Depuis 2021, l’accès à ces caméras a par ailleurs été restreint. A l’inverse, et de manière nouvelle, des entorses au secret du vote ont été constatées. Le Monde a pu voir des isoloirs sans rideaux et des urnes surveillées de près par des policiers. Plusieurs arrestations ont été signalées pour des messages inscrits sur des bulletins (qui ne sont en Russie pas fermés dans une enveloppe)."
On en rirait si la situation n'était aussi dramatique : à Stary Oskol, ville de 230 000 habitants, les 136 bureaux de vote de la ville affichaient tous, vendredi soir, à l’issue du premier jour de vote, un chiffre de participation identique de 47 %. On pense à Tintin chez les soviets

Quoi qu'il en soit, le dictateur sort renforcé de cette élection cadenassée. Ne reste plus à espérer qu'un cancer fulgurant emporte Poutine. Mais cet homme est en lui-même un cancer. Avec des métastases.

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