vendredi 19 avril 2024

C'est normal

Le Front du Rassemblement national s'est normalisé.  Il faut donc s'inquiéter de ce qui est devenu la norme.
Le 7 avril dernier, dans le cadre du carnaval de Besançon, des militantes d'un collectif d’extrême droite ont brandi des pancartes associant les termes “immigrés” et “violeurs” » (1). Habituellement, la notion de carnaval est associée à celle de fête. Mais pas pour l'extrême droite qui profite de cette occasion pour exprimer sa haine normale. « Ces propos essentialisants, qui constituent des incitations à la haine envers les étrangers, m’ont conduit à déposer plainte le même jour pour incitation à la haine raciale », a déclaré la maire écologiste de Besançon. Elle a reçu en retour des menaces de viol, des centaines d’injures et de propos haineux ou dégradants. Normal. Elle a à nouveau déposé plainte. Quelques jours plus tard, des élus du Rassemblement national ont brandi des pancartes identiques en pleine séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, pour soutenir les deux femmes poursuivies pour leurs propos haineux. Normal. Cette fois, c'est la présidente du Conseil régional qui a déposé plainte. Elle a également dénoncé l’usage par un des élus du RN du mot Untermensch (« sous-homme » en allemand) au sein de l’hémicycle, une expression empruntée au vocabulaire nazi. Normal. 
Jordan Bardella, président du parti d'extrême droite, affirme catégoriquement qu'il n'y a pas de racistes dans son parti normal.

Le quotidien Le Monde a analysé (2) les positions prises par le parti normal d'extrême droite au Parlement européen concernant les relations internationales. "Soutien à des régimes autoritaires, refus de dénoncer l’application de la peine de mort ou d’autres sévices contre des opposants politiques, ignorance des cas de violations des libertés fondamentales : les centaines de décisions prises par les eurodéputés du RN à Bruxelles et à Strasbourg, analysées par Le Monde, offrent un panorama des relations internationales telles que le mouvement d’extrême droite les envisage." Soutien constant au Kremlin, refus de condamner la loi russe sur les « agents de l’étranger » (2019), rejet de la résolution consécutive à l’empoisonnement d'Alexeï Navalny (2020), rejet du soutien apporté à la société civile réprimée et notamment à l’organisation de défense des droits de l’homme Memorial, abstention sur la plupart des textes pris en soutien à l'Ukraine, etc. "Cela ne nous regarde pas",  affirment les élus RN qui ne veulent pas avoir l'air de toucher à la souveraineté d'un pays. Comme si la souveraineté ukrainienne était pleinement respectée. De toute façon, l'analyse du Monde démontre combien les députés frontistes appliquent ce principe de non-immixtion, de manière très variable selon les régimes concernés. Et défendent systématiquement les régimes autoritaires ou illibéraux. Normal.

Jordan Bardella est tête de liste de son parti pour les élections européennes. "La coquille vide d'idées mais remplie d'orgueil du RN", comme le qualifie l'hebdomadaire Franc-Tireur, est en campagne mais refuse les débats avec ses adversaires. Il envoie des seconds couteaux, préférant serrer des mains et débiter des âneries. Son adversaire du parti présidentiel, Valérie Hayer, affirme que Bardella "aborde cette campagne de la même manière qu'il a abordé son mandat au Parlement européen : sans aucun respect pour les Français". Normal ?

(1) https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/12/la-maire-de-besancon-harcelee-en-ligne-apres-sa-plainte-contre-des-pancartes-antimigrants_6227481_823448.html
(2) https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/17/au-parlement-europeen-le-rn-soutien-constant-des-regimes-autoritaires_6228263_823448.html

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