jeudi 4 décembre 2025

Fausses études, vraie peste

Les pesticides sèment la peste. Nombre d'études médicales l'attestent. Mais quantité de paysans veulent garder la tête dans le sable. Business as usual, voilà leur credo. Surtout ne rien changer à des pratiques dont ils sont souvent les premiers à souffrir.
Certains d'entre eux ont d'ailleurs créé il y a près de quinze ans une structure nationale pour venir en aide à l’ensemble des professionnels (agriculteurs, pépiniéristes, viticulteurs) victimes des pesticides : Phyto-Victimes (1). 

Récemment, le collectif Stop-Pesticides a installé quelque trois cents panneaux « Les pesticides tuent ! »  à l’entrée de différentes communes de l’Indre. Une centaine d'autres devraient s'y ajouter.
Dans un communiqué, relate La Nouvelle République (2), "le collectif a annoncé avoir commencé un mouvement « de sensibilisation de la population sur les dangers des pesticides » et a rappelé plusieurs effets néfastes des pesticides qui « tuent des insectes », « tuent des oiseaux » et « tuent des humains ». « Les pesticides et leurs résidus (métabolites) s’accumulent dans les organismes vivants et se retrouvent dans la chaîne alimentaire avec des conséquences établies sur la santé. Les médecins et scientifiques de plus en plus nombreux dénoncent l’arrivée “ d’un tsunami de cancers ” », explique le communiqué, qui dénonce également la pollution engendrée par ces pesticides."
Le syndicat agricole Coordination rurale de l'Indre (proche de l'extrême droite) a annoncé, nous dit encore La Nouvelle République, "qu'il avait commencé à retirer plusieurs de ces pancartes avec lesquelles il était en désaccord". Que les membres de la Coordination rurale ne voient pas de problème à s'empoisonner eux-mêmes, soit, mais ils devraient quand même comprendre que la population ne le tolère pas qu'ils se plaisent à empoisonner les autres. A moins que, comme le Rassemblement national, il ne s'agisse que d'un mouvement très nombriliste, fermé sur lui-même, qui ne voit que ses propres intérêts et refuse toute vision d'avenir. Les anti-système sont souvent les plus fervents soutiens du système.

Aujourd'hui, Le Monde nous apprend (3) que la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology a annoncé avoir retiré de ses archives une étude de 2000 qui concluait à la sûreté du Glyphosate. En fait, "les réels auteurs de l’article ne seraient pas ses signataires – Gary M. Williams (New York Medical College), Robert Kroes (Ritox, université d’Utrecht, Pays-Bas) et Ian C. Munro (Intertek Cantox, Canada) –, mais plutôt des cadres" de la société Monsanto. Il s'agit là de « ghostwriting » (littéralement « écriture fantôme »), une forme de fraude scientifique. "Elle consiste, écrit encore Le Monde, pour certaines firmes, à rémunérer des chercheurs afin qu’ils acceptent de signer des articles de recherche dont ils ne sont pas les auteurs. La motivation est simple : lorsqu’une étude s’avère favorable à un pesticide ou à un médicament, elle apparaît bien plus crédible si elle n’est pas signée par des scientifiques de la société qui le commercialise."
Dans une enquête qu'il a menée, "Le Monde avait identifié d’autres articles « ghostwrités », dans les revues Critical Reviews in Toxicology ou encore Journal of Toxicology and Environmental Health, Part B. Aucun n’a été rétracté."
Gageons que ces pratiques frauduleuses et dangereuses n'amèneront pas la Coordination rurale à sortir sa tête du sable.

(2) https://www.lanouvellerepublique.fr/chateauroux/pourquoi-des-pancartes-contre-les-pesticides-ont-ete-installees-partout-dans-l-indre-1764685332
(3) https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/12/03/glyphosate-l-une-des-plus-influentes-etudes-garantes-de-la-surete-de-l-herbicide-retractee-vingt-cinq-ans-apres-sa-publication_6655817_3244.html
Le titre en une du Monde de ce jour est le suivant : "PFAS : contamination générale de l'eau potable".

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