La chanson française a perdu un de ses plus grands interprètes. Le plus intense peut-être. Jean Guidoni est mort. La théâtralité qu'il mettait à interpréter les textes noirs de ses chansons - ceux de Pierre Philippe en particulier - lui donnait sur scène une présence d'une intensité exceptionnelle. En juin dernier encore, il en témoignait à Festiv' en Marche, festival de la chanson belle et rebelle. A la fin de son récital, comme tant de spectateurs, la chanteuse Juliette essuyait ses larmes : "j'ai pris une claque", dit-elle.
"Singulier, sulfureux, théâtral toujours", écrit de lui Odile de Plas dans Télérama (1). "Jean Guidoni, écrivait dans Le Monde Véronique Mortaigne (2), fut un magnifique homme de scène, qui n’a jamais oublié de payer ses dettes aux femmes de cabaret, la « diseuse » Marianne Oswald, la réaliste Lys Gauty ou l’ange bleu Marlene Dietrich. D’elles, il avait appris le droit à la marge, aux paradis interdits. Complexe, charmant, perfectionniste, Jean Guidoni fut un cas."
Il avait sorti au printemps dernier son dernier album : Eldorado(s). Les derniers mots de la dernière chanson, Regarde mon amour, sont les suivants : "Toute la vie, c'est trop court. Pour nous". Oui, pour nous tous.
(1) "La voix écorchée des marges", Télérama, 3.12.2025
(2) https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2025/11/22/la-mort-de-jean-guidoni-chanteur-a-l-esthetique-radicale-et-sombre_6654433_3382.html?search-type=classic&ise_click_rank=1
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