jeudi 14 février 2013

Chants du coq

D'après le Ministre français de la Consommation, Benoît Hamon, une société française porterait une lourde responsabilité dans l'histoire des lasagnes dont le boeuf est fait de viande de cheval. On ne peut le croire. "Nous avons mis en place le meilleur système (de traçabilité) au monde depuis la crise de la vache folle", affirme Jean-René Buisson (1), président des industries agroalimentaires françaises. Il faut donc en conclure que ni la Grande-Bretagne, ni la Roumanie, ni le Luxembourg, ni la Suède, ni la Suisse, ni l'Argentine, ni le Koweït, ni le Japon, ni aucun autre pays au monde vous dit-on ne dispose d'un système aussi performant. On n'ose imager le niveau de contrôle sanitaire hors de France.

La littérature francophone est la littérature écrite en français hors de France. La littérature écrite en France est française. Il s'agit de ne point confondre torchons et serviettes. "En France, malheureusement, on considère souvent qu'il y a le dessus du panier, la littérature franco-française, estime l'écrivain Alain Mabanckou, et en-dessous, les littératures francophones venues d'ailleurs. Il reste par exemple toujours difficile de dire à un auteur français qu'il est un écrivain francophone, il pourrait trouver cela insultant." (2)
"A Paris, ajoute-t-il, on n'a pas conscience de ces bataillons d'auteurs venus d'ailleurs et quasi inconnus dans l'Hexagone qui circulent dans les instituts français, qui enseignent dans les universités étrangères, qui organisent des rencontres littéraires à San Francisco ou à Dearborn, dans le Michigan, pour défendre la langue française."

La haute couture est-elle encore française? Xavier de Jarcy se pose la question. "On a été surpris, écrit-il (3), en janvier, de voir défiler des Barbie princesses entre deux potiches en carton-pâte. Comme si le vêtement n'avait pas évolué depuis cinquante ans, comme si les Japonais ou les Belges ne l'avaient pas révolutionné. Paris, capitale de la mode poussiéreuse?", se demande-t-il.

Je me souviens, c'était il y a bien longtemps (trente ans au moins), que le Nouvel Observateur avait consacré un article à l'histoire du carré blanc à la télévision. Le journaliste concluait son article par un cocorico: la  télévision française, disait-il, était quand même la seule au monde à avoir osé programmer en prime time (comme on ne disait sans doute pas encore à l'époque) le film "Dernier tango à Paris". Il y a bien eu la télé publique belge, ajoutait-il, mais (et c'est toujours un journaliste de cet hebdomadaire de haute volée intellectuelle qui s'exprimait) on dit que les programmateurs belges pensaient qu'il s'agissait d'un documentaire sur les dancings parisiens. C'est ce jour-là que j'ai résilié mon abonnement au Nouvel Obs.

C'était notre série: "On ne peut pas être et avoir été".


(1) La Nouvelle République, 12 février 2013.
(2)"L'invité - Alain Mabanckou",  Télérama, 6 février 2013.
(3) "Haute, la couture?", Télérama, 6 février 2013.

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