vendredi 1 février 2013

Vous allez voir ce que vous allez voir

Tous les matins, en se levant, Jean-Claude Marcourt se répète cette phrase: "ce n'est pas parce que ce que c'est impossible qu'ils ont peur, c'est parce qu'ils ont peur que c'est impossible" (1). Alors, il se lève d'un pied léger et peut affronter tous les moulins à vent du monde. Et même d'Inde. D'ailleurs, il n'hésite pas à défier le géant Mittal: "nous utiliserons tous les moyens pour vous faire plier" (2). Ce ministre de l'Economie, c'est la détermination faite homme.
Tous les responsables politiques, de la majorité comme de l'opposition, tiennent de mâles discours: c'est un scandale et ils feront tout pour sauver l'emploi à Arcelor. Même si, dans la presse, aucun commentateur n'y croit et que tous démontrent pourquoi aucune solution ne pourra être trouvée. Tel Frédéric Chardon qui écrit dans LLB (3): "Imaginons que Mittal -  de son plein gré ou bien contraint et forcé - cède et accepte de revendre ses sites principautaires (...), quel capitaine d'industrie oserait se lancer actuellement dans une telle aventure sachant que le marché européen de l'acier est particulièrement plombé? Bref, la partie de poker est loin d'être gagnée par le gouvernement wallon."
Mais le rôle du politique est de cultiver l'optimisme et il serait suicidaire celui qui oserait dire qu'il pense comme les éditorialistes. Que non seulement la situation est grave, mais qu'en plus elle est désespérée.
Qui peut prendre au sérieux un Jean-Claude Marcourt qui, voilà un an, s'asseyait sur un rapport qui annonçait le pire? Qui peut prendre au sérieux un Rudy Demotte qui préféra laisser passer sans broncher la suppression de la phase à chaud parce qu'il était convaincu que c'était là une assurance que la phase à froid serait préservée? Quels responsables politiques osent remettre en question les décisions qu'ils ont eux-mêmes prises et surtout le système capitaliste totalement cynique sur lequel aucun d'eux ne se donne prise?
Ceci dit - avouons-le - je me pose la question: si j'étais encore parlementaire, pourrais-je dire autre chose que "il faut y croire", "nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir"? L'indignation ne coûte pas cher. Et elle permet de sauver la face. Mais c'est bien tout ce qu'elle sauve.

"Un bon politicien, estimait Churchill, est celui qui est capable de prédire l'avenir et qui, par la suite, est également capable d'expliquer pourquoi les choses ne sont pas exactement passées comme il l'avait prédit." (4)


(1) Journal parlé de la Première, 31 janvier, 13h.
(2) voir le "Café serré" de Thomas Gunzig, la Première, 31 janvier 2013.
(3) LLB, 30 jnvier 2013.
(4) cité par Etienne Davodeau, dans sa BD "Les Aventures de François et Jean-François", publiée dans Télérama, 30 janvier 2013.

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