mercredi 3 décembre 2014

Tout va bien

Les inondations à répétition que connaît le sud de la France ne semblent pas perturber les autorités politiques de tous bords et de tous coins, écologistes mis à part. Les affaires doivent se poursuivre, la croissance doit revenir.
La ville de Montpellier s'est retrouvée sous eau plus d'une fois ces derniers temps. Son maire, très en colère, l'a dit alors: il faut enfin cesser de nier le réchauffement climatique. Et où sera érigée la future gare TGV de Montpellier? Dans une zone inondable naturelle, à vingt minutes du centre-ville, là où toute construction est interdite. D'après les opposants, ce sont "350 hectares d'espaces naturels (qui) seront artificialisés" (1). Mais, qu'on se rassure, d'après le nouveau maire, "la gare ne sera pas en zone inondable".
A Châteauroux-Déols, l'aéroport, héritage de l'OTAN, vivote. Alors qu'il s'agit là d'une mine d'or qui ne demande qu'à être exploitée, les autorités locales et régionales en sont convaincues. "Aux Etats-Unis, l'avion est un moyen de transport normal, mais pas ici", déplore une source proche du dossier (2). Qui souligne que Châteauroux est à une heure d'avion de toutes les grandes villes françaises, qu'il y a un créneau pour des touristes qui souhaitent, par exemple, passer une journée à Toulouse et que les grrrandes équipes sportives de la région doivent pouvoir prendre l'avion pour leurs déplacements. On voit par là que le modèle américain est toujours vivant à Châteauroux qui a longtemps hébergé une base US.
Des positions (un peu) rassurantes enfin: le président (socialiste) du Conseil régional Rhône-Alpes, Jean-Jacques Queyranne, appelle à la suspension des travaux du Center Parc qui doit se construire à Roybon en Isère. Là, sur 200 hectares - "dont une bonne partie constituée d'une zone forestière à forte valeur écologique" (3) - devraient être bâtis un millier de cottages autour d'une bulle tropicale de 29°C, traversée par une "rivière sauvage" en plastique bleu, bordée de palmiers. Sur place, la température peut facilement descendre à -20°C. Les élus communistes ont, eux aussi, fait machine arrière et demandent la suspension des travaux en attendant que la Justice rende son avis face aux recours déposés par les opposants. Ce qui n'est pas du goût d'un député UMP du coin, Jean-Pierre Barbier: "je ne vois pas de quel droit une minorité imposerait ses vues sur la société de demain" (4). On comprend par là que Center Parc doit représenter la majorité et que quand on regarde l'avenir dans un rétroviseur, on voit fatalement la société d'avant-hier comme celle de demain. Mais on doit savoir que, à regarder l'avenir de la sorte, plus dure risque d'être la chute.

(1) Le Canard enchaîné, 3 décembre 2014.
(2) La Nouvelle République - Indre, 3 décembre 2014.
(3) Charlie Hebdo, 26 novembre 2014.
(4) France Inter - Journal, 3 décembre 2014, 8h.

Aucun commentaire: