lundi 29 mai 2017

Et alors?

Cyril Hanouna ressemble à François Fillon. Tous deux sont de ces personnes dont le statut les amène à croire qu'ils peuvent tout faire ou tout dire. Et qui tombent des nues quand on leur reproche d'avoir outrepassé les règles de la morale, du respect ou de la bienséance.
François Fillon, depuis le temps qu'il multiplie les mandats, a cru qu'il était au-dessus des règles, au-dessus de la morale qui veut qu'on ne donne pas un emploi fictif à son épouse en la faisant payer par de l'argent public. "Et alors?", s'est-il étonné face aux indignations.
Cyril Hanouna, le roi de la grossièreté, animateur de l'émission la plus vulgaire de toutes les chaînes françaises, a commis ce qu'il appelle un sketch, qui consistait à se moquer en direct d'un homosexuel qu'il avait appelé par téléphone. Il l'a véritablement livré en pâture à ses téléspectateurs. L'audience et le succès de son émission le poussent à croire qu'il peut tout se permettre, y compris l'abjection, pourvu qu'il rit et fasse rire. "Et alors?, a-t-il réagi, j'ai toujours ri de tout."
Le succès politique et l'audience cathodique n'autorisent pas tout. Peut-être faudrait-il limiter, comme le nombre de mandats politiques, le nombre d'années qu'un présentateur passe à l'antenne. Histoire de l'aider à garder les pieds sur terre et le sens de la mesure, de la dignité et de la décence. (Mais sans doute est-ce là trop demander à Hanouna.)


1 commentaire:

Grégoire a dit…

Pour paraphraser Michel Onfray à propos de M. Le Pen, je suis moins dégoûté par C. Hanouna que par ce qui lui permet d'exister. Le personnage public (on peut bien imaginer que C. Hanouna soit un convive bien élevé qui ne p... à table dans le cadre de sa vie privée) existe car il existe une demande parmi les téléspectateurs. Pierre Desproges rappelait, il y a déjà vingt ans, que : "La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20h30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée...".
Par curiosité, en me promenant d'une chaîne à l'autre, naguère, je suis tombé sur cette émission. J'ai tenu 2 minutes 32. J'ai trouvé cela à la fois affligeant, sans une once d'intérêt, vulgaire, pas drôle. Que l'animateur puisse rire à ses propres propos (ce qui en soit est déjà, à mon avis, un manque d'éducation) en dit assez sur l'estime qu'il a de lui-même. Tant que j'en suis à citer les auteurs disparus, je repense à une citation de F. Cavana, mais je n'arrive plus à en retrouver les termes exacts, c'était quelque chose comme : "c'est tellement con que même les plus cons se trouvent intelligents face à ça... " Et c'est dans doute l'origine de son succès...