mardi 30 mai 2017

Galerie de tristes sires

Les candidats aux législatives sont censés être porteurs d'espoir.
Prenons par exemple ceux du parti dédiabolisé de la famille Le Pen. L'un d'entre eux souhaite qu'une exposition sur la Shoah déménage parce qu'elle est présentée non loin d'un bureau de vote, ce qui pourrait "porter atteinte au libre arbitre des électeurs". Un autre défend le dessin de la croix gammée sur les murs de sa ville: "elle n'est pas antisémite, il s'agit d'une interprétation".
Une candidate a publié sur son site, le jour de l'Aïd à l'automne dernier, "une pensée pour tous les pauvres petits moutons qui seront sacrifiés pour une fête organisée par des sauvages". Faut-il comprendre que cette femme extrêmement civilisée est végétarienne?
Un candidat de Mayotte n'aime pas les Comoriens qui s'installent sur son île: "si je pouvais les asperger d'un produit pour les exterminer, je ne m'en serais pas privé", dit-il.
Un autre candidat F.N., caricaturiste, a dessiné un père Noël roumain dérobant un écran plat ou encore Nicolas Sarkozy habillé en officier nazi.
Il en est beaucoup d'autres encore (1) aux pensées aussi délicates. Comme l'écrit le magazine Marianne,  "tant pis pour la dédiabolisation, dont on peut questionner l'efficacité. Le FN a pourtant pris toutes les précautions pour effectuer le tri parmi les candidats, et sélectionner des personnalités convenables. Vu la liste finale, on n'ose pas imaginer le profil des recalés aux législatives..."
Dans l'édition de cette semaine de Télérama, une photo illustre l'annonce du documentaire "Welcome chez nous" (2). On y voit un militant du F.N. avec un panneau "Pour une Normandie sans migrants". Peut-on rappeler à ce militant d'extrême droite qu'il est sans doute le descendant de migrants vikings? Les Normands envahirent au IXe siècle ce qui allait ainsi devenir la Normandie et n'étaient pas, eux, pacifiques, contrairement aux migrants qui viennent aujourd'hui chez nous fuir la guerre.
Dans la première circonscription de l'Essonne, face notamment à Manuel Valls, se présente un jeune homme qui visiblement n'existe que parce qu'il a giflé celui-ci. On a connu gestes plus intelligents et  CV plus glorieux. Son suppléant est l'antisémite Dieudonné M'Bala M'Bala (3). L'homme qui gifle et l'homme qui crache, c'est sans doute ce qu'on appelle une dream team.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon s'est encore laissé déborder par lui-même: "Cazeneuve, le gars qui s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse", a-t-il déclaré dans un meeting récent, ne suscitant que de très maigres applaudissements. L'ancien ministre de l'Intérieur entend déposer plainte contre lui pour diffamation. Mélenchon a requalifié son accusation en "homicide" et se dit prêt à aller au tribunal (4). "J'invite Monsieur Cazeneuve à la retenue", a-t-il ajouté (5). On pense avoir mal entendu. Mais non, c'est bien le chef des Insoumis qui appelle à la retenue.
Quels humoristes, ces candidats! Il en est heureusement d'autres, plus inspirés, plus inspirants.

(1) https://www.marianne.net/politique/racisme-homophobie-intolerance-la-galerie-des-horreurs-du-fn-aux-legislatives
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Politique/Elections/Regionales-2015/Les-derapages-des-candidats-FN-aux-regionales-en-Auvergne-Rhone-Alpes
(2) lundi 5 juin, 20h30 sur LCP.
(3) https://www.marianne.net/politique/dieudonne-francis-lalannela-circonscription-de-valls-ou-le-neuvieme-cercle-de-l-enfer
(4) http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20170530.OBS0031/melenchon-vs-caneveuve-la-polemique-en-5-actes.html#xtor=EPR-1-[ObsPolitique]-20170530
(5) France Inter, 30 mai 2017, Journal de 13h.

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