mercredi 20 décembre 2017

Un monde en gris

En ces temps où les faits de harcèlement sexuel et de viol sont enfin dénoncés et s'avèrent innombrables, où les femmes réclament plus que jamais respect et égalité, quel sens ont encore les concours de miss?
Les jeunes femmes qui préparaient le concours de Miss France étaient en stage en Indre durant une semaine ou deux. Où peut-on les voir?, demandait un journal régional qui s'empressait de répondre à sa propre question. Car ces jolies femmes, on peut les admirer comme on ne peut plus voir les animaux du cirque. Sur Facebook, un groupe dénonçait les critères de sélection des candidates: âge, taille minimale, poids maximal, etc. Ces jeunes femmes doivent être conformes à l'image idéale de la femme, telle que notre société l'a définie.
Lors d'éditions précédentes, des élues avaient été crucifiées par des commentaires sur Internet: certains faibles d'esprits  leur reprochaient leur couleur de peau. L'une avait le tort d'être guyanaise, d'autres d'avoir des origines rwandaise ou béninoise. Bref, Miss France n'était pas parfaitement blanche. Comme si la France l'était. Samedi dernier, le choix du jury s'est porté sur une miss rousse. Ce qui a déclenché d'autres attaques, de roussophobes cette fois. Car il est bien connu, depuis les temps préhistoriques, que le roux est une couleur inadmissible: les rousses sont des sorcières ou des prostituées, les roux sont laids et fourbes. Mais la jeune reine de France est aussi violemment attaquée pour propos "racistes". Son crime: avoir parlé de la crinière de lion de la Miss France précédente. Celle-ci aurait été blanche et blonde, voilà qui n'aurait assurément suscité aucune réaction, mais, même si elle semble assez blanche (on admettra que bien des couleurs de peau sont assez difficiles à définir, sauf par ceux qui veulent absolument vous mettre dans une case), elle est surtout guyanaise. La référence à la lionne est donc un cliché safarisant. Même l'hebdomadaire Marianne tombe dans le politiquement correct (1). Qui ressemblera de plus en plus à du politiquement muet. Ne pourra-t-on plus dire d'un joueur de foot ou d'un athlète qu'il court comme un zèbre, d'un candidat à un jeu qu'il a une mémoire d'éléphant, d'une mannequin qu'elle a une allure de féline?
Il faudrait, dans les écoles, ne plus enseigner le français, l'anglais, l'allemand ou le corse. Mais la langue de bois. On en profitera pour imposer l'usage de l'uniforme. Et, pourquoi pas?, de la burqa. Chacun sera prié de se maquiller en gris et de porter des lunettes noires à monture blanche. Les tenants du politiquement correct nous font glisser, lentement mais sûrement, dans 1984. Je ne veux voir qu'une seule tête.
On pensait, naïvement, que la diversité était une chance pour nos sociétés. Mais certains, racistes, racisants, racisés, l'exècrent. Si on fait allusion à une couleur de peau, à une origine étrangère, on se fait flinguer. Si on ne le fait pas, c'est pareil. On pense à Astérix chez les Corses et à ce Corse qui demande, menaçant, à Astérix (ou était-ce Obélix?): "quoi!? elle te plaît ma sœur?". Et Astérix de bredouiller "non, non". Et l'autre de s'énerver: "quoi? elle te plaît pas ma sœur?!".

(1) https://www.marianne.net/societe/les-haines-de-tous-bords-envahissent-miss-france-2018


1 commentaire:

Grégoire a dit…

L'un des aspects de ces concours de miss (et misters), qui me désole, m'agace, etc. est le côté compétition et et son revers, le côté jugement. Les grilles tv sont parsemées de ces émissions où l'on (se) juge et flingue des pâtissiers, des propriétaires de chambres d'hôtes, d'hôtels, etc. Cela commence avec la photo du plus beau bébé et cela se termine avec le concours de super mamie... J'ai, un jour, lu qu'en Afrique, lors de matchs de foot locaux, celui qui avait marqué un but changeait d'équipe. La beauté de la coopération contre la froideur de la compétition. Peut-être me trompe-je... A propos d'Afrique, ma grand-mère paternelle (née en 1910), que je n'ai jamais soupçonnée d'arrières-pensées douteuses au sujet des "ethnies", un jour, à côté de moi, a employé le mot n.... en parlant d'un noir passant à la télé, car c'était le mot d'usage à l'époque de sa jeunesse. Ce même mot, courant dans le monde de l'édition devrait probablement sous peu être remplacé par "prête-plume". L'art traditionnel africain fut aussi appelé "art n....", mais désormais l'adjectif est trop connoté...
L'abandon de la neutralité du net au USA conduira inévitablement à diriger les internautes vers des sites où l'info sera orientée, et les esprits critiques seront de moins en moins affutés, à la longue...
Je reste encore et toujours pessimiste.