jeudi 5 décembre 2019

Sonner la retraite

Je ne connais pas dans le détail la réforme des retraites proposée par le gouvernement français (il est vrai que le projet reste assez flou) et de toute manière je ne suis pas concerné (puisqu'ayant effectué toute ma carrière professionnelle en Belgique). Et je ne voudrais pas apparaître ici comme le râleur qui râle contre les râleurs (bien que je puisse assumer). Mais bon... au point où on en est, en France, qui ne râle pas n'existe pas. Donc, je m'exprime.
Une bonne partie de la France est en grève aujourd'hui, et peut-être pour un moment, contre la réforme des retraites (et non "contre les retraites" comme le titrait le HuffingtonPost: "Suivez la journée de mobilisation contre les retraites", publié ce jour à 12h30 et à 13h30 encore).

Le gouvernement semble avoir largement consulté sur cette question (1), sans doute pas assez, mais on peut aisément comprendre, à entendre les manifestants fâchés, que peu de gens ont fait entendre leur voix dans le cadre de l'appel à opinions, mais qu'ils sont beaucoup plus nombreux à s'exprimer aujourd'hui dans la rue pour dire leur opposition. A quoi? A un changement d'un sytème d'une complexité extrême? Le gouvernement voudrait un système plus équitable. Que chaque euro épargné rapporte la même chose à chacun. Ce qui est loin, très loin, d'être le cas actuellement.
Le système par points m'apparaît - mais peut-être suis-je naïf - plus équitable, plus honnête. Certains défendent le système dont ils bénéficient actuellement qui veut que leur pension de retraite vaille x % de leur dernier salaire. Ce qui favorise ceux qui ont eu de la chance ou qui ont eu une carrière qu'on appelle plane.
Ceux qui, comme moi, ont changé d'employeur très souvent sont retombés au niveau le plus bas chaque fois qu'ils ont retrouvé un emploi. Et se retrouvent ainsi avec une retraite peu éleveée. Or, c'est ce qu'on nous annonce: les salariés d'aujourd'hui et plus encore de demain doivent s'attendre à changer très fréquemment d'employeur. Quelqu'un qui perd son emploi à cinquante ans, par exemple, et a la chance de retrouver un emploi n'a aucune ancienneté quand il est réengagé (s'il a cette chance-là). Et donc, si sa retraite est calculée sur son dernier salaire, elle sera peu élevée. Injuste donc par rapport à quelqu'un qui n'a pas travailé plus ou moins, mais qui a toujours été employé par la même entreprise.
Des agriculteurs se disent favorables à la réforme prévue par le gouvernement: ils verront leur retraite augmenter. Mais qui s'en préoccupe?

L'économiste Thomas Guénolé, (qui se présente comme "intellectuel altermondialiste et engagé à gauche", proche de la France dite insoumise) qualifie les grévistes d'aujourd'hui de "héros" (2). On a les héros comme peut. Et les populistes aussi. Allez savoir pourquoi, je n'arrive plus à prendre au sérieux les intellectuels altermondialistes enragés à gauche. 

On rêve de voir les citoyens se mobiliser autant pour le climat que pour leur retraite. Mais sans doute ne faut-il pas rêver. L'homme prend beaucoup de plaisir à se reproduire, mais se soucie plus de sa retraite que de sa descendance.

A lire:
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/12/03/le-vrai-du-faux-des-regimes-speciaux-de-retraite_6021530_4355770.html

(1) https://www.reforme-retraite.gouv.fr/participez/la-participation-citoyenne-2019/article/methode-et-calendrier


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