mercredi 28 octobre 2020

Ere de je

Le je se porte bien. On n'en dira pas autant du nous. Si la planète se retrouve aujourd'hui dans un tel état, proche de l'asphyxie, c'est que la plupart des élus n'ont qu'une idée en tête: être réélu, donc ne pas choquer leur électorat avec des mesures qui pourraient le fâcher. Chaque élu est un candidat enfermé dans son propre intérêt. Mais c'est aussi parce que la majorité des terriens (dans les pays en plein développement en tout cas) est dans l'ici et maintenant, mes habitudes, mes envies de consommation, mon confort. Le réchauffement climatique n'aura pas raison de ma manière de vivre.

L'époque est aussi à l'enfermement dans une identité. Chacun a la sienne qu'il faut respecter. Chaque jour apporte son anecdote (1) d'indignation, de chasse aux sorcières, de harcèlement d'enseignants, d'artistes, de personnalités, connues ou non, qui ont l'outrecuidance de proposer d'avoir un regard plus collectif, de réfléchir au-delà de son identité. L'heure n'est plus à la prise de distance, au débat, à la discussion. Mais au point de vue individuel qui doit être respecté. Et cet enfermement exclut aussi tout humour. On respecte, donc on ne rit pas!

La pandémie de coronavirus révèle aussi l'individualisme: je fais ce que je veux, je veux pouvoir circuler sans masque, aller où je veux, quand je veux. Elle révèle l'incapacité de tant de citoyens à se mettre à la place de l'autre. A la place de ceux qu'on peut contaminer sans le savoir. A la place des experts, des soignants, des médecins qui crient au feu depuis des mois, qui ne savent plus comment lutter, qui sont sur les genoux. A la place des gouvernements accusés à la fois de s'en prendre au libertés individuelles et de ne pas protéger suffisamment leurs citoyens. Pouvoir se mettre à la place de l'autre est une preuve d'intelligence. Mais nous sommes dans une époque où tant de gens ne veulent être qu'à leur propre place. Et où les réseaux sociaux sont aussi des réseaux asociaux, voire antisociaux.

(1) https://www.marianne.net/societe/professeure-suspendue-pour-avoir-employe-le-mot-negre-la-nouvelle-querelle-canadienne

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