dimanche 4 octobre 2020

Enfin!

On l'attendait depuis longtemps sur ce sujet. Le président Macron s'est enfin exprimé sur ce qu'il nomme séparatisme et que d'autres appellent communautarisme: la volonté de certains, et des islamistes en premier lieu, de vivre à l'écart de la République, de ses valeurs et de ses règles, pour vivre selon les leurs et les imposer insidieusement à la société. Il a clairement ciblé "le séparatisme islamique", parlant d’un "projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République", tout en faisant la part des choses avec les millions de musulmans qui vivent dans la République "comme citoyens pleins et entiers". Il en a profité, écrit Le Monde (1), pour dénoncer "l’autre séparatisme, celui que les élus de la République ont, selon lui, collectivement contribué à nourrir en acceptant que la misère et les difficultés soient concentrées sur certains territoires". Il a ainsi admis "que renforcer l’arsenal répressif ne servira à rien si une vigoureuse action pour l’égalité des chances n’est pas menée".

Il entend, écrit encore Le Monde, "réaffirmer le rôle fondamental de l’école dans l’apprentissage des valeurs de la République et pour cela rendre obligatoire dès trois ans l’instruction à l’école ; renforcer le contrôle de l’Etat sur le fonctionnement et le financement des associations cultuelles et pour cela accepter de retoucher à la marge la loi de 1905 ; faire respecter le principe de neutralité dans les services publics et pour cela l’étendre aux transports publics ; tenter de faire émerger un islam de France et pour cela responsabiliser le Conseil français du culte musulman, même si cela s’est révélé jusqu’à présent très difficile". Voilà longtemps qu'on attendait que soient prises de telles mesures. aptes à faire respecter la laïcité et à remettre à sa place une religion qui tout doucement entend régenter la vie sociale et empêcher le vivre-ensemble.

Il est, bien sûr, des bonnes âmes, à gauche, qui s'offusquent. C'est aux musulmans que s'en prend le président, feignent-ils de croire, refusant d'écouter ce que dit Macron et de faire une différence entre islam et islamisme, continuant peut-être (comme ce fut le cas d'une rédactrice en chef adjointe de Mediapart) à penser que l'islamisme n'est, somme toute, pas si grave. Comme si les milliers de victimes qu'ont déjà fait à travers le monde, et en particulier parmi les musulmans, les attentats terroristes commis au nom d'Allah ou de son prophète n'étaient que légers incidents. C'est là que se logent le mépris et le racisme. 

On entend maintenant des parents se plaindre, s'indigner de ne plus pouvoir instruire leurs enfants eux-mêmes et  de devoir les envoyer à l'école. On s'en prend aux libertés individuelles, protestait une mère sur France Inter. Il faut pouvoir respecter le rythme des enfants, disait-elle (sans qu'on sache si ses enfants sont demandeurs des rythmes familiaux et de l'absence d'école). La liberté individuelle, le droit de chacun de faire exactement ce qu'il lui plaît, de dire ce qu'il lui passe par la tête prennent aujourd'hui le pas sur l'intérêt collectif. Il en va de même avec le port du voile. Chacune a le droit de le porter ou non, estiment les bonnes âmes. Refusant de voir que dans les pays musulmans les femmes n'ont pas ce droit, uniquement l'obligation de le porter sous peine de bastonnade, de prison ou de mort. On pense aussi aux anti-masque qui hurlent que l'obligation de son port est une atteinte à leur liberté individuelle, oubliant sciemment que se joue là la protection collective. Le "chacun fait ce qui lui plaît" a un côté ultra-libéral dont l'extrême gauche serait bien avisée de prendre la mesure.

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/03/separatisme-une-reponse-pour-le-long-terme_6054627_3232.html

https://www.marianne.net/politique/macron/critiques-acerbes-a-gauche-scepticisme-gene-a-droite-enthousiasme-prudent-chez-les-laiques-les-reactions-au-discours-de-macron-sur-le-separatisme

1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

Parfaitement d'accord. Enfin on employe les mots. Pour mettre la question de la laïcité française en perspective ainsi que ses difficultés face à l'islamisme (quietiste ou djihadiste), un excellent article de Gauchet dans le dernier (hélas) numéro du débat : "Laïcité : le retour et la controverse". Accessible sur Cairn.