jeudi 1 octobre 2020

Massacre à la tronçonneuse

Ils voulaient sauver une forêt corrézienne de plus de huit hectares, écœurés de voir tant de coupes rases un peu partout. Leur association Faîte et Racines avait récolté plus de 53.000 euros pour l'acheter. Le compromis de vente avait été signé. C'était sans compter avec la gendarmerie et les Renseignements territoriaux qui ont convaincu le vendeur, ancien maire du village de Saint-Paul, près de Tulle, que la forêt en question allait être transformée en ZAD, que derrière cette association se cachaient les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui allaient débarquer en nombre et construire dans cette forêt un village de tipis, de yourtes et de cabanes et mettre en danger la région. C'était du pipeau, mais l'ancien maire s'est laissé berner par ces pandores si sûrs de leurs analyses volontairement catastrophistes.                                            Résultat: la forêt a été vendue à un agriculteur voisin. Qui s'est empressé de la raser pour transformer les terres ainsi gagnées en pâtures. La catastrophe a eu lieu, sans que l'administration s'en émeuve. Que fait la police?  (1)                                                                                                                                                        On voit par là que les gendarmes ont peur de la nature et qu'il faut se méfier comme de la peste des agriculteurs hors-sol qui manient mieux la tronçonneuse que la faux, incapables de comprendre l'utilité d'une forêt. Mais finalement les gendarmes ont raison: les forêts sont vraiment des zones à défendre.

En 1872, George Sand lançait un appel à la protection de la nature pour sauver la forêt de Fontainebleau. Dès 1830, le progrès  imposait des coupes rases, des routes à travers la forêt et un assainissement des marais. En 1853, 624 hectares de la forêt de Fontainebleau étaient classés hors exploitation et huit ans plus tard étaient instituées des zones "à destination artistique". Mais l'annonce d'autres destructions de la forêt fait réagir George Sand qui signe alors un des premiers appels à la protection de la nature. "Gardons nos forêts, écrit-elle, respectons nos grands arbres" et "protestons" pour protéger la terre "dévastée et mutilée" par l'activité industrielle. "Supprimez les arbres qui, par leur ombre, rendent au sol la fraîcheur bue par leurs racines, vous détruisez une harmonie nécessaire." Elle revendique aussi "le droit à la beauté et à la poésie de nos forêts." (2) George, reviens! Ils sont toujours aussi fous!

(1) https://www.bastamag.net/foret-coupe-rase-action-de-preservation-ecologie-services-de-renseignement-gendarmerie?fbclid=IwAR0ZWzM0BhdZZMhxhsVg6z0IOqlUYvk-CijfHGwhtN6Cx3x2JLecMp3B0XE

(2) George Sand, "Impressions et souvenirs", 1873, cité dans "George Sand, l'appel de la forêt", Alizée Vincent, Causette, octobre 2020.

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