jeudi 25 août 2022

Un chasseur sachant ne pas chasser

Rien ne peut arrêter le chasseur. Surtout pas la souffrance animale, ni même l'hécatombe dont est victime la faune sauvage du fait des incendies, des canicules, de la sécheresse, des inondations, de la baisse de la biodiversité. On a tous vu, dans des reportages télé, ces sangliers aux pattes brûlées, ces chevreuils fuyant le feu, ces cadavres d'animaux carbonisés. Tous, sauf les chasseurs qui ne voient que le bout de leur fusil.
Ainsi Régis Hargues, directeur de la fédération des chasseurs des Landes (où le 12 août 7.400 hectares déjà avaient brûlés) : "Il n'y a pas eu de mortalité. Il n'y a pas eu de déplacement massif des animaux. Si on voit des signes de détresse des populations, on reculera l'ouverture." (1) Il tombe sous le sens du commun des mortels qu'il faudrait interdire toute chasse cette année au moins. Mais les chasseurs ne sont pas le commun des mortels, mais le commun des obstinés qui détruiront jusqu'au dernier des vers de terre, avant de se plaindre qu'ils n'ont plus rien à se mettre sous le canon.
Marc Giraud, écrivain et porte-parole de l'Association pour la protection des animaux sauvages, est d'un tout autre avis : "Les victimes les plus visibles sont les poissons, privés de leur milieu de vie, agonisant par milliers dans l'eau brûlante, séchés sur la boue fissurée. Avec eux trépassent les grenouilles, les insectes et tant d'autres misérables bestioles sur lesquelles personne ne semble se pencher, mais qui sont les bases de toute chaîne de vie. Même phénomène avec les animaux terrestres : seuls les plus gros arrivent à toucher nos consciences, une image de faon ou de sanglier sauvés des flammes nous cache l'hécatombe silencieuse de nos forêts en cendre. Même les oiseaux ne peuvent échapper aux incendies géants et aux gaz toxiques." (2)
Même sans incendie, le manque d'humidité tue la microfaune, les vers, les insectes qui nourrissent les autres espèces. Et les survivants sont plus vulnérables que jamais.
C'est toute la chaîne alimentaire de la vie sauvage qui est gravement perturbée. Mais le chasseur, ce grand écologiste, ne veut rien voir. 
Laisser tirer des chasseurs aveugles, c'est accélérer l'hécatombe.

Oui, l'homme est responsable et rendra compte un jour (...)
Ce gai chasseur, armant son fusil ou son piège
Confine à l'assassin et touche au sacrilège.
Victor Hugo, "Le droit de l'animal".

(1) Charlie Hebdo, 24.8.2022.
(2) Luce Lapin, "Ni chasse, ni pêche !", Charlie Hebdo, 24.8.2022.
 A lire : https://www.aspas-nature.org/la-faune-a-besoin-deau-pas-de-fusils

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