L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a donc été condamné par la justice et sera prochainement emprisonné. Le soir-même, sur le plateau du Journal de France 2, un de ses lieutenants s'indignait : cette condamnation est grave parce qu'elle prouve que la séparation des pouvoirs n'existe pas. On a du mal à le comprendre : on y voit plutôt la preuve qu'elle existe, que la justice est capable, en toute indépendance, de condamner ceux qui votent les lois et sont censés les faire respecter. Cette condamnation, rappelait ce matin sur France Inter (1) Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris, s'appuie sur plus de dix ans de procédure et un jugement de 400 pages qui en détaille minutieusement les raisons. Ce qui n'empêche pas les critiques en nombre et la dénonciation de "la République des juges". Eh quoi ? Seuls les politiques devraient donc échapper à la justice ?
"Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir", écrivait Jean de La Fontaine dans "Les Animaux malades de la peste". Cette morale est mise à mal par cette condamnation de Nicolas Sarkozy, comme elle l'a été dans d'autres affaires touchant des élus et des mandataires tant de droite que de gauche (2). Mais certains refusent de le voir. Les mêmes qui trouvent la justice laxiste la critiquent si elle condamne l'un des leurs.
(1) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-29-septembre-2025-1130494
(2) A écouter ou lire, l'éditorial de Patrick Cohen ce matin :
1 commentaire:
La notion de démocratie est souvent réduite à "la voix du peuple" exprimée dans les urnes, voire dans la rue. C'est d'un simplisme affligeant et dangereux. L'on sait depuis Montesquieu qu'elle implique la séparation des pouvoirs, le pluripartisme, une hiérarchie des normes juridiques (dont la constitution et la cour constitutionnelle qui va avec), l'indépendance des juges qui se prononcent souvent de manière collègiale et "en droit", etc. La réduire à une sorte de téléton électoral, détâché de ce que les adversaires des instititions démocratiques nomment "l'Etat profond", va à l'encontre de la démocratie. Savoir cela est la base de l'éducation citoyenne pour que la démocratie (sur)vive.
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