Il y a une et une seule personne au monde qui fait confiance à Vladimir Poutine. Ça tombe mal : c'est le président des Etats-Unis. Lui qui allait mettre fin à la guerre d'Ukraine en vingt-quatre heures n'est capable que de rouler des mécaniques. Chaque fois qu'il devrait enfin se montrer offensif, il fait un pas en arrière.
On l'a compris : il faut définitivement cesser de croire que le Père Ubu pourrait être d'une aide quelconque pour s'opposer à Vladimir le Terrible. Il ne fera rien contre lui. Sans doute, comme le soupçonnent de nombreux observateurs, Poutine a-t-il les moyens de faire chanter Trump (1).
« Je pense que le président Poutine veut mettre un terme à la guerre », déclarait vendredi Fanfaron Ier (2). A nouveau, il est le seul à le croire. En fait, on a l'impression de voir deux chefs mafieux faire semblant de se menacer alors qu'ils ne font que marquer leurs territoires respectifs.
Le philosophe d'origine russe Alexander Mozorov, rappellent Borukh Taskin et Aaron Lea (3), estime que "la guerre d’usure sans fin n’est pas un résultat, mais un objectif de Poutine, car elle maintient l’Ukraine dans un état de déstabilisation et les Russes dans un état de mobilisation permanente, et empêche l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, atteignant ainsi ses objectifs sans occuper complètement l’État voisin. La propagande du Kremlin, qui présente la guerre comme un affrontement entre la civilisation russe unique, partie intégrante du « Sud global » (n’est-ce pas paranoïaque de penser ainsi pour un peuple si nordique ?), et « l’Occident décadent », martèle cette idée dans l’esprit des citoyens malheureux, ralliant la société russe et la forçant à s’habituer à la guerre sans fin et au programme impérial de Poutine".
Mais qui est décadent ? Celui qui mène la guerre ou celui qui veut la paix ? Avec Poutine, on assiste à un retournement des normes. On plonge dans 1984 d'Orwell. Faire la guerre, c'est être fort. Est faible celui qui prône la paix.
Et est stupide et naïf celui qui prend Poutine au mot. Borukh Taskin et Aaron Lea rappellent que le 28 mai 2002, après la réunion constitutive du Conseil Russie-OTAN, Poutine déclarait : « L’Ukraine est un État souverain et a le droit de décider de manière indépendante de son adhésion à l’OTAN». Huit ans plus tard, il commençait à envahir l'Ukraine. L’extrémisme de Poutine se manifeste également dans le démantèlement des accords multilatéraux de sauvegarde, dans le retrait de la Russie du Conseil de l’Europe et de la Convention européenne des droits de l’homme, dans la suspension de sa participation au traité New START, dans le rejet des conventions internationales, y compris la Convention contre la torture. Ce "ne sont pas des « signaux » diplomatiques, mais des obus lancés contre la normalité qui a vu le jour dans le monde d’après-guerre", affirment Borukh Taskin et Aaron Lea.
Poutine impose dans la violence et la terreur sa normalité à lui, ses règles et ses lois (celle du plus fort d'abord). "La guerre, écrivent-ils encore, offre de nombreux avantages à l’autocratie, dont la suppression de toute opinion alternative et l’exploitation de sentiments nationalistes généralement dangereux. Et c’est précisément cette guerre en Ukraine et la menace d’une extension de l’agression de la Fédération de Russie à d’autres pays qui servent d’appui au régime de Poutine, en créant des incitations économiques et politiques inattendues (apparues littéralement de nulle part, c’est-à-dire de la guerre elle-même) tant pour les élites que pour la population."
Mais le roi Donald qui s'impose lui aussi comme un autocrate ne veut rien savoir de tout cela et veut réduire la guerre d'Ukraine à une querelle de voisinage. Jamais il ne fera quoi que ce soit pour gêner l'empereur Vladimir pour qui il a tant d'admiration (ou dont il a peur ?).
(1) https://desk-russie.eu/2025/07/28/le-cloaque-et-le-chaos-la-russian-connexion-de-laffaire-epstein.html
(2) https://www.lemonde.fr/international/article/2025/10/18/donald-trump-presse-l-ukraine-et-la-russie-de-conclure-la-guerre-affichant-a-nouveau-sa-confiance-en-vladimir-poutine_6647943_3210.html
(3) https://desk-russie.eu/2025/10/12/la-guerre-sans-fin-de-poutine-ambitions-imperiales-et-moment-de-verite-pour-leurope.html
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