D'où viens-je ? C'est la première question que devraient se poser les identitaires, tous ceux qui sont convaincus qu'ils appartiennent à une nation homogène depuis toujours. Ils devraient d'abord se rappeler que nous venons tous du rift est-africain.
L'archéologue français Jean-Paul Demoule (1) est remonté à la première présence humaine attestée sur l'actuel territoire français. C'était il y a à peu près un million d'années. Il rappelle que l'homo erectus né en Afrique a parcouru la planète, du Pacifique à l'Atlantique, et s'est établi en Asie et en Europe. Cet homo erectus a évolué à l'est en dénisoviens et à l'ouest en néandertaliens. Ceux qui sont restés sur le continent africain ont continué à évoluer jusqu'à se transformer, voilà trois cent mille ans, en homo sapiens, notre véritable ancêtre. En se déplaçant, très lentement, celui-ci se mélange en Europe avec les néandertaliens qui disparaissent peu à peu mais dont nous conservons quelques gènes. "Ce buissonnement donne tort à l'extrême droite, mais aussi, sans vouloir leur manquer de respect, au général de Gaulle (La France venue du fond des âges) et à l'un des grands historiens français du XXe siècle, Fernand Braudel, qui parlait de la France comme d'une nation forgée à partir d'un peuple homogène depuis le paléolithique. Ceux qui sont restés en Afrique sont, en fait, les seuls sapiens "purs" ! "
Ensuite, rappelle encore l'archéologue, sont arrivés, vers 6000 avant notre ère sur le territoire de ce qui sera la France, des agriculteurs venus du Proche-Orient. On retrouve trace aussi de personnes venues des steppes d'Europe centrale. Vers 600 avant JC, des Grecs venus de Phocée sur la côte turque fondaient la ville de Marseille. Puis, des Wisigoths, des Etrusques, des Romains s'installèrent en France. Et ensuite, des Burgondes (venus d'Allemagne) en Bourgogne et en Savoie, des Vikings en Normandie, des Arabes dans le sud. Les communautés juives et tziganes arriveront au Moyen-Age. Plus tard, la révolution industrielle et le besoin de main d'œuvre amèneront en France des travailleurs de pays voisins, puis des réfugiés polonais et arméniens, des républicains espagnols, des pieds-noirs, des Italiens, des Algériens, des Turcs, des Marocains, etc. "Etant donné que la France est le fruit d'un mélange permanent, on ne voit pas quelle pourrait bien être cette race pure, génétiquement identifiable, qui viendrait du fond des âges."
Jean-Paul Demoule rappelle aussi les origines du terme barbare : "dès l'origine, le mot barbare vient du grec barbaros, qui désigne ceux qui font des borborygmes. C'est le nom qu'on donne aux Gaulois, dépeints par les auteurs grecs et latins sous les couleurs de hordes de combattants mal éduqués et avinés, qui ne rasaient pas la barbe alors que les Romains s'épilaient et qui mangeaient donc de manière dégoûtante". Les Gaulois étaient donc qualifiés de barbares. Aujourd'hui, leurs descendants traitent du même mot les autres.
Contre qui le parti Reconquête, le RN-FN et tous les identitaires français sont-ils en guerre ? L'homo sapiens ? Au nom des néandertaliens ?
(1) "Un perpétuel grand remplacement", propos recueillis par Marion Rousset, Télérama, 1.10.2025.
Jean-Paul Demoule, "La France éternelle, une enquête archéologique", éd. La Fabrique, 2025
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