Le dégout. Une fois encore, le dégout.
Le massacre du 7-octobre ne leur suffit pas. Pas plus que les dizaines de milliers de morts à Gaza. Ils en veulent toujours plus.
Pourquoi pour défendre un peuple faut-il en haïr un autre au point d'applaudir un massacre d'une cruauté inouïe ? Des meetings de soutien à la Palestine se transforment rapidement en rassemblements antisémites et en apologie du pogrom du 7-octobre. C'est ce qui arrivé, notamment, le 15 octobre dernier, quelques jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, à l'Université de Vincennes-Saint-Denis (Paris 8) lors d'un "meeting anti-impérialiste" (1).
"On continue à se mobiliser pour la Palestine. C'est la Palestine de la mer au Jourdain. Libérée intégralement", déclare un jeune militant. Opposé donc à une solution à deux Etats, donc pro-guerre. Ces militants qu'on ne sait où situer politiquement (à l'extrême, mais gauche ou droite ? on s'y perd) sont fascinés par la violence. Le terroriste George Ibrahim Abdallah, présenté par les organisateurs comme un héros, devait y intervenir en vidéo. Il ne pourra finalement pas se faire entendre. Au contraire de Mariam Abou Daqqa, cadre du FPLP, organisation terroriste : "le sionisme constitue un danger pour le monde entier", selon elle.
"Condamnez-vous le 7-octobre ?", demande une organisatrice. "Non !", répond tout l'auditoire. Le 7-octobre est, pour eux, un acte "de résistance héroïque du peuple palestinien". Les massacres d'enfants, de femmes, de jeunes pacifistes, les viols, les tortures, les éventrations ne comptent pas. Ils n'ont que mépris pour ces victimes-là qui ne sont qu'israéliennes, que juives (même s'il y avait de nombreux non-juifs parmi les victimes et les otages). "Nous n'avons eu aucun problème à revendiquer ce 7-octobre". En fond de scène, cette phrase : "Vive la jeunesse qui se soulève". Contre quoi se soulève-t-elle ? La dignité ? La compassion ? Les droits humains ? La vie ? Ces jeunes ont choisi le camp de la mort, de la haine, de la violence. Les personnes qui filment cet écœurant meeting se sont fait expulser par des espèces de miliciens, qui n'appartiennent pas au service de sécurité de l'université.
Ces gens qui veulent témoigner de leur compassion pour les Palestiniens font surtout preuve d'inhumanité.
Le Ministre de l'Enseignement supérieur, scandalisé par ces propos haineux, a demandé au rectorat de saisir le procureur de la République et annonce des sanctions. L'université affirme avoir « signalé les éléments portés à sa connaissance au procureur de la République, en application de l’article 40 du Code de procédure pénale », et lancé une enquête interne. Dans une université, une institution censée rendre intelligent, aider à cerner les points de vue divers, à réfléchir. Ce qui s'est passé à Paris 8 se passe aussi dans d'autres universités françaises, belges, américaines et ailleurs encore.
"Je suis très conscient du privilège qu'il y a à être américain au XXe siècle, particulièrement si vous êtes juif, déclarait il y a une bonne vingtaine d'années Philip Roth. J'écris sur cette chance, la chance de ce qui est, mais en montrant ce qui pourrait être. Ce qui m'intéresse, c'est la fragilité de cette réussite. La facilité avec laquelle les choses pourraient tourner autrement qu'elles ne le font." (2)
Notre siècle étroit et bête me pèse sur les épaules comme un vêtement qui n'est pas à ma taille.
Félicien Rops (1863)
(1) https://www.marianne.net/societe/condamnez-vous-le-7-octobre-non-enquete-ouverte-apres-un-rassemblement-aux-relents-antisemites-a-paris-8
(2) cité par Marc Weitzmann dans "La part sauvage", Grasset, 2025.
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