mardi 9 décembre 2008

Politique de la mangouste ou de l'autruche

Dans "Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous", dernier ouvrage de Philippe Val (j'y reviendrai), celui-ci aborde essentiellement la publication par Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet et le départ de Siné.
Il parle de ces confrères journalistes convaincus que l'équipe de Charlie a trouvé dans la publication des dessins danois une belle occasion de faire exploser ses ventes, que Val avait prémédité un coup. Le directeur de publication de Charlie a beau expliquer qu'il s'agissait de défendre la liberté d'expression, qu'il a essayé de convaincre ses collègues des autres organes de presse de publier les caricatures et que Charlie s'est retrouvé bien isolé (à l'exception de l'Express qui reproduisit les pages de Charlie), rien n'y fit. Certains, la tête dans le sable, semblent incapables d'imaginer qu'on puisse se battre pour des valeurs auxquelles on croit, et non pour son portefeuille. O tempora, ô mores!
D'autres (ou les mêmes peut-être) disent à qui veut les écouter que lorsqu'on mène un combat contre un projet qui nous paraît incohérent et néfaste, c'est par pur électoralisme. Que si on dit non (1), c'est par intérêt personnel. Pour gagner des voix. Il faut croire que ces gens-là n'ont de positionnement que prudent et placent leurs valeurs le cul entre deux chaises.
"Je pense, dit Philippe Val, que cette attitude éthique est ce qui justifie l'existence d'un journal. Je pense même que les journaux souffrent du manque de combats qu'eux seuls peuvent mener."
L'époque lui donne - hélas - raison: les profils sont bas, le courage rare et les propos politiquement corrects. Et pas seulement dans la presse.

(1) Qu'est-ce qu'un homme révolté? demandait Camus. C'est un homme qui dit non.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir; mieux vaut tard que jamais pour un commentaire.

Je ne comprends pas vraiment le sens de votre texte, qui parait reprendre les conclusions de Philippe Val; ce serait que "dire non au projet "islamiste" et donc se révolter (au sens de Camus), ça passe par le courage de publier des caricatures".

Or je trouve cette histoire de caricatures d'une figure religieuse extérieure au groupe social hautement suspecte. En France laïque (?) aujourd'hui, il est très urgent de se révolter contre les vieilles religieuses, "best sellers" des ventes. Est ce fait ? Et de Jesus-Christ ? Que ce soit au cinema ou en dessin, ce n'est pas sans mal, car les brigades de répression religieuse sont actives et puissantes. Et du Dalaï Lama ?

Mais il n'est pas urgent ni très courageux de dénoncer la religion d'un groupe faible (les immigrés des rives de la méditerannée), quasi exclu dont on renforce ainsi l'exclusion (Autre chose est la révolte de Rhusdie au sein de sa propre société).

Oui l'influence religieuse est grandissante dans certains pays asiatiques et en Israel; mais c'est l'effet ou le travestissement de luttes colonialistes et impérialistes qui sont l'essentiel.

Bref, les talibans qui terrassent l'OTAN aujourd'hui ne m'empêchent pas de dormir; et les femmes en burka ne gagneraient pas beaucoup de combattivité par mon soutien (suspect autant que le soutien de G.W. Bush). Et se révolter contre l'implication des soldats belges dans la croisade de l'OTAN devrait être la priorité des caricatures.
Bien à vous.

Michel GUILBERT a dit…

Je déteste publier des commentaires non signés. Signer un message me paraît être le B.A.-ba de la politesse... Je n'aime pas discuter avec des fantômes et les masques me font penser au Ku-Klux-Klan.
Mais j'ai publié le message ci-dessus parce qu'il me paraît symptomatique de ce vieux et dangereux discours qui, sous couvert d'anticolonialisme, se range du côté de l'extrême-droite islamiste et s'avère, en définitive, raciste.
Je m'explique: si je le comprends bien (ce qui n'est pas simple), pour ce courageux anonyme, les Talibans ont raison puisqu'ils combattent les Américains et peu importe l'idéologie qui est la leur, le sort des femmes afghanes et celui de tous ceux qu'ils font vivre sous le régime de la terreur. Ce qui compte, c'est qu'ils luttent contre l'OTAN. Alors que ce sont eux les colonisateurs de l'Afghanistan aujourd'hui. Comme les Khmers rouges l'ont été dans leur propre pays.
Qui est le "groupe faible", sinon les femmes, les enfants, tous ceux qui n'ont aucun droit de penser et d'agir librement à cause de la charia et du terrorisme islamiste?
Considérer, comme le fait ce courageux anonyme, qu'on ne peut critiquer une religion qui nous est étrangère, c'est précisément la rendre étrangère. "Ceux qui sont contre la publication de ces dessins (les caricatures) insultent les Musulmans. Ils prétendent penser à leur place et jugent qu'ils sont incapables de comprendre l'humour et d'encaisser la satire. Ils les déclarent inaptes à faire la différence entre la condamnation des islamistes et le racisme antimusulman. En prétendant défendre leur susceptibilité, ils les tiennent dans le plus profond mépris..." C'est Saïd Saadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, leader de l'opposition algérienne, qui s'exprimait ainsi, à l'occasion du procès de Charlie Hebdo.
Quant au souci, enfin, de cet anonyme, de caricaturer la religion chrétienne, je l'invite à lire Charlie Hebdo chaque semaine, il sera rassuré. Charlie fait d'ailleurs l'objet d'un nouveau procès, de chrétiens intégristes cette fois, suite à son récent "Spécial pape". Voilà qui devrait le rassurer.
Je m'étonne, pour conclure, de voir un anti-colonialiste soutenir une religion. Toute religion m'apparaît comme une forme de colonisation de l'esprit.

Inutile de m'envoyer d'autres messages s'ils ne sont pas signés.

Anonyme a dit…

Bonjour!
Autant j'apprécie vos articles publiés sur ce blog ... autant je ne comprends pas votre phobie des zanonymes.
Vous devriez aller vous coucher sur un divan ...
Mais là aussi vous ne verrez pas le Monsieur, ou la Madame, à qui vous parlez ... car il sera derrière vous!
Et qui sait s'il restera là durant toute la séance ...
Sigmund F.
nb: c'est signé! eheh

Michel GUILBERT a dit…

Cher Docteur Freud,
avec tout le respect que je vous dois, je constate que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Nous pourrions nous allonger ensemble sur le divan d’un de vos disciples. Vous lui expliquerez pourquoi vous ne pouvez et/ou ne voulez vous exprimer sous votre vrai nom. Avez-vous honte du nom de votre père. Serait-ce oedipien ? Manquez-vous de confiance en vous ? Ne pouvez-vous assumer vos propos? Qu’est-ce qui vous prend de vous balader en burqa sur internet ? Souffrez-vous d’un trouble identitaire ?
Je sais – je l’ai dit et redit (1) – que l’anonymat fait partie de la culture d’internet et effectivement, vous avez raison, je ne m’y fais ni ne m’y ferai pas. Mais tous mes appels sont restés vains, je ne comprends toujours pas la cause de ce besoin d’anonymat. Répondrez-vous enfin à mes questions, Docteur ? Pourquoi ce besoin de se cacher ?
« Un message qui ne comporte pas de signature digne de ce nom doit être tenu pour inexistant. » Amélie Nothomb
(1) voir sur ce blog les textes « Les roquets d’Internet » (janvier 2008) et « L’anonymat d’Internet » » (avril 2008).