lundi 5 octobre 2009

L'esturgeon est aussi antisémite que le végétarien est stupide

Benoît Lutgen, Ministre de l'Agriculture, défend la viande. C'est son rôle, je suppose. Dans LLB du 3 octobre, il qualifie de "stupidité" l'hypothèse qu'un gouvernement affirme qu'il ne faut plus manger de viande. Mais il "respecte les végétariens et leur choix de vie", tout en rappelant que l'homme est omnivore (1) et que "supprimer la viande dans les restaurants de collectivité n'est en rien une solution pour l'environnement". "Bien au contraire", ajoute-t-il bravement. Xavier Ducarme, le journaliste, lui demande d'expliquer et le voilà qui se lance dans une démonstration qui défend les produits de chez nous. Sans expliquer en rien le "contraire". On reste sur... sa faim, ne sachant pas en quoi le végétarisme serait une erreur pour l'environnement.
Et pourtant... N'en déplaise au ministre, le végétarisme a plein d'avantages.
En termes personnels tout d'abord: aucun médecin ne plaidera pour soutenir un régime riche en charcuteries et en viande en sauce.
En termes collectifs ensuite. Et à bien des égards.
La lutte contre le réchauffement climatique, qu'on le veuille ou non, passe - si pas par le végétarisme - en tout cas par une diminution très sensible de la consommation de viande.
L'élevage est responsable de 15% des gaz à effet de serre au niveau mondial, à cause du méthane produit naturellement par les troupeaux. Et, avec une diminution drastique du bétail, la déforestation connaîtrait un coup d'arrêt: les besoins en surfaces herbagées et en surfaces agricoles nécessaires à la nourriture du bétail diminueraient elles aussi considérablement.
Mais les avantages du végétarisme ne s'arrêteraient pas là et on en revient ici à l'école. Celle-ci est actuellement soumise aux coups de boutoir des religions qui entendent y imposer leurs règles. Notamment dans les cantines. Si celles-ci devenaient végétariennes, une bonne partie du problème serait réglé. Plus de problème de viande de porc, ni d'abattage selon les normes kasher ou halal ou je ne sais quoi. Je suppose qu'il n'y a pas trente-six méthodes pour abattre une carotte ou des céréales. Plus de problème d'esturgeon non plus (2)! Fiametta Venner et Caroline Fourest, dans Charlie Hebdo du 30 septembre, nous apprennent que "l'esturgeon est un poisson antisémite". Voilà pourquoi le caviar est interdit par les intégristes juifs. Explication par le rabbin Elyakim Simsovic sur le site cheela.org: "la femelle perd toutes ses écailles au moment de la ponte, et ses oeufs sont donc à ce moment-là des oeufs non de poisson mais de reptile selon la définition de la Thora. Il s'ensuit que le caviar n'est pas cachère." Comme le soulignent les deux journalistes, "on retiendra la leçon: tout ce qui n'est pas cachère est antisémite..."
On comprendra de tout cela que les légumes sont sympathiques et que quand on est ministre on ne doit jamais perdre une occasion de se taire.

(1) rappelons au ministre que qui peut le plus peut le moins.
(2) je suis bien conscient que l'éventualité de servir du caviar dans les restaurants scolaires est assez faible.

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