samedi 28 janvier 2012

Excitations du libéralisme

Le libéralisme a de beaux jours devant lui. De jeunes loups s'en occupent. Ils ont les dents longues et la contradiction souple. Ainsi, Georges-Louis Bouchez: à 26 ans, le voilà chef de file du MR montois. Il proclame son admiration pour Nicolas Sarkozy, "le politique le plus en phase avec le XXIe siècle. On vit dans un monde où tout va très vite. Et on a donc besoin de décideurs réactifs, de gestionnaires de crise. Sarkozy, il a un tel dynamisme que, quelque part, il n'est bon que quand il se trouve au pied du mur", déclare-t-il (1). On voit par là que, quand on est jeune, on peut confondre dynamisme et agitation, action et gesticulation, réactivité et névrose. Il ajoute que si certains reprochent au président français d'être un excité, lui aimerait "qu'on en ait plus, des excités".
Georges-Louis Bouchez est un grand amateur de Formule 1, défenseur du Grand Prix de Francorchamps, sur "un circuit mythique" qu'il entend soutenir. Même s'il en coûte quatre à cinq millions d'euros à la Région wallonne chaque année. "C'est un événement vital pour le rayonnement de la Belgique", dit-il, ajoutant que la dépense lui paraît "plus utile que nombre de campagnes de communication" . Est-il un vrai libéral? On se le demande. Les libéraux condamnent l'excès d'interventionnisme des pouvoirs publics. Il faut "moins d'Etat" et laisser faire la concurrence. Elle est saine, disent-ils. Il faut donner toute sa place à l'initiative privée et se débarrasser des canards boiteux. On avait identifié les libéraux aux pourfendeurs de taxes. Ils dénoncent à tout-va la "rage taxatoire". On se pose la question: d'où viennent donc les cinq millions d'euros, trop généreusement accordés par la Région wallonne aux organisateurs du GP pour épurer leur déficit chronique, sinon de taxes et d'impôts? Les libéraux aiment les taxes quand elles vont dans les poches d'une multinationale qui fait rêver quelques excités et méprise les règles appliquées aux autres. Alors seulement, le libéralisme aime l'Etat providence. Celui qui sauve les banques par exemple et fait payer la crise aux travailleurs.

(1) Le Vif, 20 janvier 2012

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