lundi 22 avril 2013

Vade retro

Ici et là et même un peu partout, le blasphème se voit érigé en faute par la loi humaine. Ou voudrait l'être. On ne peut se moquer des religions, nous disent de bonnes âmes. Même infidèles.
L'accusation de blasphème est aujourd'hui devenue commode pour empêcher toute critique (1).
Le blasphème, nous dit le Robert, est " une parole qui outrage la divinité, la religion ".
Le problème, si on fait sortir le blasphème de l'enceinte même de la religion, si on considère qu'un non croyant ou un "autre" croyant ne peut blasphémer, le problème, c'est la définition. Qu'est-ce qui est outrage, qu'est-ce qui est divinité, qu'est-ce qui est religion? Le problème, c'est que l'on est toujours l'infidèle de l'une ou l'autre religion. Si pas de toutes.
Supposons que je sois catholique (c'est juste une supposition), j'estimerais qu'il n'y a pas d'autre dieu que Dieu. Je pourrais donc considérer comme blasphèmatoire l'affirmation selon laquelle Allah ou Yahvé ou tout autre de leurs confrères est le seul dieu. Serait au moins aussi blasphématoire la position des athées qui par définition croient que dieu n'existe pas. Comment pourrait-il ne pas exister puisque j'y crois?  Si je pense qu'il faut jeûner en période de carême, je pourrais considérer comme blasphématoire que l'on fasse publiquement bombance en cette période. Permettre à deux personnes de même sexe de se marier, n'est-ce pas blasphémer?
Si je n'ai pour seule religion que le vin (ce qui est moins une supposition), ne pourrais-je considérer comme blasphématoire les appels à l'abstinence?
On voit par là que les religions peuvent nous saouler.

(1) La lecture de la rubrique "L'hérétique de la semaine" dans Charlie Hebdo est, à cet égard, hélas édifiante.






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