mercredi 11 décembre 2013

Tout va bien

"A cette époque-là, les journalistes posaient beaucoup de questions." C'est un journaliste qui fait ce commentaire. Il interviewe le maire d'un village de la région Centre sur ses souvenirs de la construction d'une centrale nucléaire sur le territoire de sa commune (1). A l'époque, il n'était pas maire, mais il a travaillé plus de trente ans à la centrale. C'est en son sein qu'a lieu l'interview actuelle. On s'inquiétait alors, dit le journaliste, on ne connaissait pas l'atome, on craignait des dangers. Mais oui, c'est légitime, quand on ne connaît pas, on a peur. Mais on comprend qu'aujourd'hui, tout va bien et que la centrale emploie des centaines de travailleurs. Il n'y a donc plus de questions à poser. Elles l'ont déjà été il y a quarante ans. 
D'ailleurs le journaliste n'en pose pas. Il est d'une autre époque, lui. Il ne demande pas au maire si, en tant qu'ancien travailleur resté attaché à sa centrale, il ne se sentirait pas juge et partie en cas d'accident. Il ne parle pas du problème qui reste entier des déchets nucléaires. Il n'évoque pas Fukushima, ni non plus les nombreux pays qui abandonnent la filière nucléaire.
Moins d'une heure plus tard, un documentaire sur Arte, à deux pas de Fukushima (2). On y voit des villages vides. Ils le resteront pendant des siècles, nous dit le commentaire, à cause de la radioactivité.

(1) Journal Région Centre, 7 décembre 2013, 19h.
(2) 360°-Géo, "Les samouraïs de Fukushima", 7 décembre 2013, 20h.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Cela fait penser à ce qui se passe dans la région de Bure (département de la Meuse), village censé devenir un gigantesque centre d'enfouissement de déchets radioactifs dès 2025.
Il n'y a presque plus d'habitants dans le coin, mais les communes environnantes reçoivent des subventions importantes pour moderniser les villages qui surplomberont le réseau de galeries souterraines "abritant" les déchets radioactifs pour des milliers d'années.
Qui aura envie de s'y installer?