mercredi 4 décembre 2013

Le monde comme il essaie d'aller

L'Europe engendre décidément des sentiments contrastés. Les Britanniques s'y sentent mal, nous dit un récent sondage. Les Français mettent sur le dos de "Bruxelles" la responsabilité de la plupart des problèmes qu'ils rencontrent, comme s'il s'agissait d'un être suprême sur lequel ils n'ont aucun pouvoir. Votent-ils? Et si oui, pour qui? Certains veulent payer moins de taxes, mais recevoir plus de subventions d'une Europe qu'ils exècrent. Tous les partis nationalistes européens la vomissent, promettent de la quitter s'ils sont un jour au pouvoir (ce qu'à Dieu - s'il existe - ne plaise).
Pendant ce temps, une bonne partie des Ukrainiens se battent pour entrer dans cette même Union européenne. 
Le FN français pense qu'il faut abandonner l'euro pour retrouver ce bon vieux franc. Les billets d'euros sont illustrés par des ponts. Tout un symbole. Les billets en francs seraient-ils illustrés par des murs, par des grilles cadenassées?

Scandale dans les milieux politiquement corrects (américains du moins): une journaliste de Elle s'est déguisée en chanteuse afro. La voilà traitée de raciste, au point d'être obligée de s'excuser. "Désormais, il existe une police de la fête qui devrait faire passer l'envie de rire avec les perruques et autres grimages", écrit Marianne (1).
Déjà le Père Fouettard est critiqué aux Pays-Bas où certains le voient comme une rémanence du colonialisme. Pour ne heurter aucune susceptibilité, devra-t-on interdire tout déguisement? Faudra-t-il supprimer les carnavals. A celui de Dunkerque, les hommes s'habillent en femmes. Sont-ils sexistes?
Une suggestion aux Tartuffe de tous poils: déguisez-vous en Belges. Vous apprendrez l'auto-dérision.

Suite du feuilleton du couplet lamentable de Nekfeu appelant à "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo": où on apprend que le gamin n'est pas seul à tenir ce genre de langage. Un certain Disiz la Peste (qui se doit sans doute de tenir des propos à la hauteur de son nom) menace lui aussi Charlie: "même si vous étiez muets je vous couperai la parole, vous voulez savoir comment je ferai. Et bien je vous couperai les mains". On voit par là que la musique n'adoucit pas les mœurs et que n'est pas poète qui veut. Il faut découvrir dans l'édition d'aujourd'hui de Charlie Hebdo comment un certain Zobi le Glouk lui répond par un rap "humoristique et outrancier comme t'aimes, ma loute!". Zineb El Rhazoui rappelle le triste sort que réservent les pays islamistes aux rappeurs et Rachid Taha répond aux rappeurs "analphabètes" à sa manière: carrée et pleine d'humour.

(1) 30 novembre 2013.

1 commentaire:

Grégoire a dit…

Regis Debray dans son "Eloge des frontières" rappelle qu'une frontière a toujours des passages (douanes), et qu'elle permet à certains, c'est peut-être même leur dernière "richesse", de se sentir un peu protégés. Alors que les multinationales et autres "superiches" ne demandent pas mieux que de se sentir chez eux partout dans le monde, le pauvre, lui sera toujours, l'exilé.
Quant à Charlie, seul journal sans pub et donc indépendant, avec le Canard Enchaîné (qui vend dix fois plus d'exemplaires), une seule façon de le soutenir : l'acheter!