mardi 11 mars 2014

Coucouroucoucou, Mouskourou

Elle n'avait pas vingt ans et déjà elle chantait.
Six décennies plus tard, sa vie reste le chant.
Ce n'est pas maintenant qu'elle va s'arrêter,
Elle entame une tournée même à quatre-vingts ans.

Sa voix n'a pas changé, comme c'est étonnant,
Dit après son concert un vrai admirateur
Qui pense avoir encore des oreilles de vingt ans
Et n'entend pas qu'elle a perdu de sa hauteur.

Il n'a plus, c'est un fait, l'audition aussi claire,
N'entend pas les fausses notes, la justesse qui flageole.
Cette voix qui chevrote bien plus que celle de Clerc
C'est la vie bien cruelle qui l'a rendue si molle.

La pratique de la scène, c'est l'amour sans capote,
L'art consistant à se retirer juste à temps,
Prendre la sortie des artistes encore fiérote,
Avant que la critique se détourne pudiquement.

Se dire: cette chanteuse-là, c'est une sacrée Nana
Et non: c'qu'elle a vieilli, la grande Mouskouri
Elle n'est plus ce qu'elle fut, n'est plus la madonna
On aurait tant voulu qu'elle restât houri.

Mourir, cela n'est rien
Mourir, la belle affaire
Mais vieillir, vieillir...
Jacques Brel

(à partir d'un reportage diffusé dans le JT de France 3, 10 mars 2014, 19h30)

Post-scriptum: il en est d'autres, plus sages (et plus âgés, il est vrai) qui décident de mettre fin à leur carrière "pour ne pas décevoir leur public". Tel Toots Thielemans:
www.lalibre.be/culture/musique/toots-thielemans-arrete-sa-carriere-53202ded357024dca8598826






1 commentaire:

gabrielle a dit…

Aujourd'hui, 13 mars, cela fait déjà quatre ans que Jean Ferrat est parti et on est inconsolable.
On sait... cela n'a aucun rapport avec le texte... on sort, on sort.