jeudi 7 août 2014

Un manque criant

De l'intelligence et du courage. On ne peut s'empêcher de se dire que c'est ce qu'il manque pour mettre - vraiment - fin à la guerre qu'Israël mène à Gaza. N'y a-t-il donc personne au sein du gouvernement israélien qui se rende compte que cette guerre ne fera que renforcer les islamistes du Hamas et susciter de nouvelles vocations de terroristes, qu'on fait des victimes des héros et des résistants, personne qui soit capable d'entrer dans une vision dialectique de la situation? Personne qui soit capable de prendre un tout petit peu du recul nécessaire pour comprendre que, quoi qu'il arrive, il faudra bien, un jour ou l'autre, trouver une solution concertée?
Près de deux mille morts côté palestinien et un coût de reconstruction de quatre à six milliards de dollars. Tout cela pour rien. Pour que rien ne change, sinon que la haine augmente.
"On est condamnés à vivre ensemble et je le dis en un sens positif", affirme le réalisateur israélien Amos Gitaï (1). Il faudra bien trouver des accords, même imparfaits, dit-il, citant une amie de sa mère, une ex-parachutiste durant la seconde guerre mondiale: "il y a trop d'héroïsme et pas assez de courage", disait-elle.
Le courage, on l'attend aussi de la communauté internationale: elle devrait imposer des Casques bleus à Gaza, estime Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques (1). Mais pour cela, ajoute-il, "il faut des hommes politiques qui aient du courage".
Et de l'intelligence, a-t-on envie d'ajouter. Celle qui manque cruellement à un membre du CDV qui a écrit que "si Hitler n'a pas déporté tous les Juifs, c'est pour nous montrer pourquoi il voulait les exterminer" et qui se justifie en affirmant qu'il s'agit d'une provocation pour susciter la défense des Palestiniens (2). Pense-t-il alors qu'il faudrait appeler à supprimer les musulmans pour défendre les populations massacrées et terrorisées par les fous furieux de l'Etat islamique de l'Irak et du Levant?
Le courage et l'intelligence, c'est sans doute des femmes qu'ils viendront. Dans son dernier film, "Ana Arabia", Amos Gitaï "rend un hommage vibrant aux femmes", écrit Pierre Murat (3), "qui, au nom de sentiments qui leur servaient d'idéal, et au-delà des rebuffades et des haines, croyaient à une entente possible. Et si, à l'avenir, un espoir renaissait, il serait entre leurs mains".
Le courage et l'intelligence, on les trouvent chez les Bâtisseuses de paix (4), en France, qui tentent de rapprocher les femmes arabes, les femmes juives, les femmes musulmanes, par le dialogue et la tolérance: "apprendre à accepter l'autre afin qu'il m'accepte également".
La biologie prépare-t-elle la femme à l'ouverture vers l'autre? Delphine Horveilleur, femme rabbin en France, le pense: "la compassion n'est pas une prérogative exclusive du sexe féminin... , dit-elle, même si, me semble-t-il, rien ne l'illustre mieux qu'un événement précis de la vie d'une femme: sa grossesse, à savoir ce moment où il lui est donné de faire en elle de la place pour un autre qu'elle. Cette possibilité biologique d'accueillir l'autre, transposée au politique, est une voie à explorer dans la résolution de conflits. Il revient aux hommes et aux femmes de l'explorer" (4).
"Faire de la place en soi pour l'autre, c'est cela dont on a besoin aujourd'hui pour penser la sortie du conflit", affirme Delphine Horveilleur.

(1) Arte Journal, 6 août 2014, 19h45.
(2) www.lesoir.be/618954/article/actualite/fil-info/fil-info-belgique/2014-08-07/un-membre-du-cdv-derape-propos-des-juifs
(3) Télérama, 6 août 2014.
(4) www.batisseusesdepaix.fr
(5) Télérama, 23 juillet 2014.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

L'ONU doit garder son statut d'arbitre des conflits internationaux. Donc ne pas s'engager à administrer Gaza.
Par contre, puisque les deux parties ne parviennent toujours pas à trouver des accords et exportent régulièrement leurs différends dans le monde entier, il serait peut-être temps que la communauté internationale leur "impose" une solution. Pacifique.