vendredi 26 février 2016

La secte du rétroviseur

Encore un peu d'islamofolie.
Hier, le magazine "Envoyé spécial" consacrait un sujet aux salafistes français. De grands comiques qui veulent s'en tenir à une lecture rigoriste du Coran, avec les mots de leur prophète tels qu'il les aurait prononcés au VIIe siècle. On ne comprend pas bien pourquoi ils ne vivent pas comme à cette époque. Pourquoi ils ne refusent pas le téléphone, l'ordinateur, la voiture, l'avion et tous les objets et les manières de vivre du XXIe siècle. D'autant qu'un prédicateur affirme que sont interdits "tous les livres des gens de l'innovation".  Sur une péniche (qui ne semble pas dater du VIIe siècle), de très nombreuses femmes voilées font leurs emplettes, comme dans un supermarché. Elles achètent des vêtements, des objets de grande consommation, même des tablettes électroniques. Elles donnent un sentiment étrange: à la fois hyper-connectées et totalement déconnectées des autres et du reste de la société.
Un jeune salafiste déclare vouloir quitter la France où il n'est pas chez lui. "Mais tu es Français", lui dit le journaliste. "Oui, mais je n'ai pas choisi de l'être". N'est-ce pas Dieu alors qui a choisi de le faire naître en France? Peut-il aller contre la volonté divine? Décidément, on a du mal à les suivre. 
Une jeune femme en burqa. Elle a dix-neuf ans, on ne voit que ses yeux. Elle avoue aimer associer des vêtements couleur marron à sa burqa noir corbeau. "Je suis fashion", dit-elle en riant. Elle sort un livre de son sac: "Les fatwas des femmes", écrit par des dévôts saoudiens d'un autre âge. On peut y lire que "la majorité des habitants de l'enfer sont des femmes". Elle approuve: toutes les femmes sont médisantes, dit-elle. Elles risquent aussi de valser en enfer si elles vont voter ou si elles se marient à la mairie. L'enfer est pavé de bulletins de vote.
Une journaliste se fait passer pour une jeune salafiste qui cherche un mari. Celui qui se propose lui fait comprendre que sa place sera à la maison, son rôle de s'occuper de la maison et des enfants. Si elle n'est pas d'accord avec la polygamie, "il n'y a pas de problème": il sera capable de comprendre qu'elle soit jalouse. Elle aura le droit de ne pas accepter la polygamie, mais devra s'y faire. Y a-t-il projet de vie plus enthousiasmant pour une jeune femme?
La majorité des jeunes salafistes rencontrés dans ce reportage ont entre vingt et trente ans. La crise d'adolescence se fait de plus en plus tard de nos jours. 

2 commentaires:

Grégoire a dit…

Secte ou religion?
Préalablement, je me permettrais une petite remarque. Le Coran n'est pas l'ensemble des paroles du prophète, mais celle de Dieu transmises à Mahomet par l'Archange Gabriel, le même qui a annoncé à Marie que... etc. Et c'est là l'une des clefs de l'intransigeance dans l'Islam, qu'il soit dit modéré ou rigoriste. On ne touche pas aux paroles de Dieu. Depuis deux mille ans les exégètes chrétiens ou juifs, interprètent les textes de la Bible. Et, on pourrait aussi se dire, que finalement, si Dieu le permet... Alors que les exégètes musulmans, c'est l'impression que j'en aie, étudient plutôt l'adaptation de son quotidien aux exigences du Coran, enfin... De Dieu.
Je perçois tout autour de moi, autant dans les média que dans les conversations, une peur de plus en plus argumentée vis à vis de l'Islam et qui est nourrie par l'arrivée continue de réfugiés qui ne sont pas forcément chrétiens, syriens et Irakiens. Ils fuient, certes. Ils arrivent avec leur conception de la société d'un autre âge, pour reprendre vos termes. Alain Filkenkraut a rappelé que dans des camps de réfugiés en Allemagne, des réfugiés appliquaient la charria, et que des réfugiés chrétiens en étaient, aussi, victimes. Certains musulmans n'ont jamais connu que cela, et trouve donc normal que les femmes soient cloîtrées à la maison (exemple). Les terroristes, à Paris, en canardant une terrasse où se trouvaient des hommes et des femmes ensemble, ont voulu aussi tuer notre conception occidentale du vivre ensemble. On peut toujours nous répéter que le but des terroristes islamistes est de créer une guerre civile entre musulmans et non-musulmans, il n'empêche que les revendications collectives ou individuelles à connotations musulmanes (port du voile, menu halal, etc.) passent de moins en moins bien chez M. et Mme "tout le monde". Je crains que notre mode de vie, au nom du vivre ensemble, disparaisse progressivement. Desproges ou Coluche n'auraient déjà plus la même liberté de parole. La dernière citation de Pierre Desproges que j'ai entendue était : "j'adhérerai à SOS Racisme quand ils mettront racisme au pluriel.". On brandit la pancarte "pas d'amalgame" dès que l'on critique l'Islam, en tant que religion, mais on se garde de bien de juger l'attitude de la musulmane qui refuse de vous serrer la main parce que vous êtes un homme.
Je ne sais pas si cela peut faire office de conclusion à ce qui précède, mais en substance, que les musulmans fassent ce qu'ils veulent chez eux, je m'en fiche comme de ma première babouche (humour), peu m'importe, mais qu'il me laisse vivre comme je l'entends. "si romae fueris romano vivito more", Saint-Ambroise

Michel GUILBERT a dit…

Oui, l'humour d'hier n'est sûrement plus possible. Il y a une bonne vingtaine d'années, nous avions débuté une émission "Génies en Herbe" avec un réveil dont la sonnerie était l'appel du muezzin. Ca avait fait rire tout le monde et personne, ni dans le public en studio, ni parmi les téléspectateurs n'avait protesté ni ne nous avait traité d'islamophobes. Aujourd'hui, on n'oserait plus utliser publiquement ce qui nous fait rire à propos de religions.
Alors oui, la peur, ou en tout cas l'agacement est de plus en plus palpable. Et le plus inquiétant, c'est cette gauche qui continue à crier à l'islamophobie dès qu'on ose critiquer des pratiques ou des positions de l'islam (voir le billet précédent et ses commentaires). Même des gens de culture musulmane qui se montrent, à raison, critique par rapport à elle, sont "sommés" de se taire. Et tout le bénéfice politique est pour l'extrême droite et les populistes. Inquiétant!