vendredi 2 décembre 2016

Partir, c'est grandir un peu

Il est des décisions qui vous grandissent. Celle, courageuse, de François Hollande de ne pas se présenter à l'élection présidentielle de 2017 est de celles-là, elle témoigne chez lui d'une capacité d'humilité. Seuls ceux qui auraient été capables d'en faire autant peuvent lui jeter la pierre. Qui aujourd'hui en politique?
Certains disent le trouver pathétique. Il l'est bien moins qu'un ex-président de la République qui a tenté de revenir, à toute force, en se présentant en sauveur, alors qu'il s'agissait surtout pour lui d'éviter la Justice. Il l'est bien moins qu'une fille à papa, née avec une petite cuillère en argent dans la bouche, qui a été élevée dans un château, a hérité du parti de son père et a le culot de se décrire comme la candidate anti-système représentant le peuple.
La droite parle d'échec grave. Qu'elle crache toute la bile qu'elle a. Qu'elle se rappelle qu'en 2012 son champion Nicolas Sarkozy n'a pas hésité une seconde à se représenter alors qu'il avait réussi à agacer une bonne partie de la France, voir à s'en faire haïr.
Si Hollande avait annoncé sa candidature, les mêmes qui lui reprochent aujourd'hui de ne pas se représenter lui auraient reproché de ne pas écouter l'opinion publique qui, depuis longtemps et quoi qu'il fasse ou dise, ne le soutient pas.
Une bonne partie des citoyens critique - à raison - tous ces élus qui s'accrochent au pouvoir, pathétiquement, qui se croient indispensables, dont la prétention est sans limites. Difficile dès lors de critiquer un président de la République, ce monarque élu avec qui les Français ont toujours une relation d'amour-haine, qui décide de laisser la place.
Je n'ai jamais été dans le Hollande bashing, je l'ai souvent trouvé trop mou, trop indécis, reculant trop rapidement face aux oppositions de la rue. Mais il a aussi su tenir bon, se montrer opiniâtre dans d'autres domaines. Il a aussi dû faire face à une époque de changement de relation des citoyens à la politique. Tant d'électeurs rejettent aussitôt ceux qu'ils viennent d'élire pour en choisir de nouveaux qu'ils s'empresseront de huer. Comment être président dans une France dépressive dont le Café du Commerce est devenu le premier parti?
Barak Obama, avec une bien meilleure appréciation, a aussi fait les frais de ces condamnations à l'emporte-pièce. Ils n'auraient rien fait, ces présidents qui se trouvent sans cesse en butte à des parlementaires qui font tout pour les empêcher d'agir, à des citoyens qui réclament de tout changer mais descendent dans la rue dès que le changement s'annonce.
Il faudra bien qu'on l'admette, il n'y a pas d'homme providentiel. Il faut cesser de croire aux messies. Je sais, c'est dur à entendre. Surtout en cette période d'Avent.

Post-scriptum: à lire, sur son blog, le billet de mon frère Pierre, écrit suite à la lecture du livre des journalistes du Monde: http://www.pierreguilbert.be/hollande-lincompris/

L'édito de Laurent Joffrin dans Libération:
http://www.liberation.fr/france/2016/12/01/elegance_1532374
Le bilan de F. Hollande:
http://www.lalibre.be/actu/international/quatre-ans-et-demi-apres-le-moi-president-quel-est-le-bilan-d-hollande-58409b27cd707c9b300e9980


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