mercredi 1 mars 2017

C'est trop injuste

Pathétiques. François Fillon et Marine Le Pen sont pathétiques. Les voilà tous deux rattrapés par la Justice. Les voilà tous deux qui hurlent au grand complot d'une justice instrumentalisée par le gouvernement. Les voilà tous deux qui en appellent au peuple pour les défendre. Alors que c'est à eux-mêmes que doivent s'en prendre ces deux grands bourgeois qui se croyaient au-dessus des lois et surtout au-dessus de la morale.
François Fillon affirme qu'il n'a "pas été traité comme un justiciable comme les autres". Il l'est, répond le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier (1), mais un candidat à la présidence de la République ne peut être considéré comme un justiciable comme les autres. On attend de lui, s'il veut accéder à la fonction suprême, qu'il ait respecté les règles communes. C'est bien le moins qu'on puisse en attendre.
"Au-delà de ma personne, c'est la démocratie qui est viséee", clame Fillon. "Ne vous laissez pas abuser!", dit-il. Par qui? Par lui?  Le champion de la droite se fait résistant et appelle à le rejoindre: "Résistez! Je le fais! Ma famille le fait!". Faut-il résister à la justice? Le voilà même qui parle d'assassinat politique. Ne confondrait-il pas assassinat et suicide? ll va falloir confier l'affaire au commissaire Maigret. Il adore les sombres affaires de province.
Marine Le Pen, de son côté, affirmait encore tout récemment qu'on a suffisamment parlé de cette affaire, qu'il est temps de passer à autre chose. On l'a connue plus virulente vis-à-vis de ses adversaires. Serait-elle fatiguée? Elle s'avère plus prompte à critiquer le fonctionnement de la justice qu'à répondre à une convocation de cette police qu'elle aime tant et qu'elle ne supporte pas de voir méprisée. Et voilà que même le syndicat policier Alliance, pourtant très à droite, se rebelle face aux menaces qu'elle a proférées contre les fonctionnaires aux ordres.
Magnifique dessin de Coco en une de Charlie Hebdo ce jour: on y voit Fillon dans les bras de Le Pen s'encourant, poursuivis par un juge. "Taubira, reviens!", dit Fillon. "On veut une jusice laxiste!", crie Le Pen.
On voit vers qui regardent ces deux candidats, vers Erdogan, vers Orban, vers Trump, tous ces chefs d'Etat qui aime(raie)nt mettre à leur service la presse, la justice et la police. Le Pen et Fillon nous laissent entrevoir ce qu'ils seraient s'ils arrivaient au pouvoir: des autocrates, éliminant les corps intermédiaires entre eux et leur cher peuple. Décidément, il a bon dos, le peuple.

(1) France Inter ce jour, journal de 13h.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Pathétique (et un peu hallucinant) un candidat qui commence à hurler à la persécution, à menacer, à surjouer, à dramatiser, à calimeroliser, pour en appeler à un adoubement par le "peuple" et une manif à sa gloire dans les prochains jours. Son agence de comm' a pété un plomb.