jeudi 22 mars 2018

Politiquement correct et ridiculement neutre

Le ridicule finira-t-il par tuer un jour Justin Trudeau? Le premier ministre canadien est tellement soucieux de plaire à chacun.e et à tou.te.s qu'il en arrive à confondre égalité et égalitarisme. On l'a souvent vu se déguiser lors de manifestations pour bien indiquer qu'il est de tous les combats. On l'a même vu récemment revêtir, tels les Dupon.d.t s'habillant en costumes folkloriques pour (tenter de) passer inaperçus, la tenue (une tenue) traditionnelle indienne. Même les Indiens se sont moqués de sa volonté d'adaptation. 
Et voilà qu'on apprend que désormais au Canada les agent.e.s des services publics ne doivent plus s'adresser aux usager.e.s en les appelant d'emblée Madame ou Monsieur mais sont prié.e.s de leur demander d'abord comment ils.elles veulent être appelé.e.s. L'information date d'hier dans Marianne (1). On se pince, on pense qu'on s'est trompé de date, qu'on est déjà le 1er avril. Mais non: pour que le service public canadien "soit un reflet de la population diversifiée du Canada afin de s'assurer que les opinions des Canadiens soient pris en considération", les fonctionnaires fédéraux doivent désormais "demander sa préférence à l'interlocuteur (2) avant de l'appeler Madame ou Monsieur". Bref, il s'agit d'être neutre sans imposer ni genre ni sexe à son interlocut.eur.rice. Des usager.e.s ont déjà fait part de leur mécontentement face à ce qu'ils.elles considérent comme de l'impolitesse. Comment ne pas vexer son.sa vis-à-vis en semblant lui indiquer qu'on ne sait à quel genre il ou elle appartient? Et restreindre le choix entre Madame et Monsieur ne résoud en rien la question de l'appellation neutre.
Peut-être, pour éviter toute confusion, faudrait-il en arriver à ce que les fonctionnaires se taisent. Ils pourraient indiquer d'un mouvement de menton qu'il.elle.s sont prêt.e.s à écouter la personne qui leur fait face. Mais si ce menton est barbu, ne serait-ce pas déjà exprimer un choix? 
La neutralité semble devenir un objectif en soi. Le ridicule a de beaux jours devant lui.

(1) https://www.marianne.net/monde/au-canada-termes-madame-et-monsieur-proscrits-service-public
https://www.nouvelobs.com/monde/20180322.OBS4058/fini-les-monsieur-madame-dans-l-administration-canadienne-et-ca-ne-plait-pas-a-tous.html
(2) Ouh là! Ne faudrait-il pas ajouter "interlocutrice"?
(Re)lire sur ce blog "Quotidien de la femme", 8 mars 2018.

6 commentaires:

Bernard De Backer a dit…

Le voyage de Justin Trudeau a fait rire beaucoup de monde au Canada. Mais il est révélateur d'une grande naïveté et d'une culture parfois stupide du politiquement correct, qui risque de coûter cher au pays de l'érable. N'oublions pas que l'élection de Trump n'est pas sans rapport avec le rejet du politiquement correct (l'espace me manque pour développer ce point). Un Trump canadien, Kevin O’Leary, est déjà en embuscade....

Michel GUILBERT a dit…

Suggestion d'amis depuis les Etats-Unis: tant qu'à faire, pourquoi ne pas dire Masieur et Mondame?

Anonyme a dit…

Tout service publique sait pourtant qu'il ne s'agit que de contribuables. Une formule d'accueil du genre "Cher Contribuable" assure une parfaite neutralité et indique clairement le rôle de chacun.

Formule libre de droits.

Jean

Michel GUILBERT a dit…

On peut être critique par rapport au fonctionnement des services publics, mais ramener leurs usagers au seul rôle de contribulable me paraît quand même très réducteur.

Didier L. a dit…

Ma.sieur.mon.dam.e

Didier L. a dit…

"Ch.ère.er contribuable.e" s'il te.vous plait.
(Il faut s'entraîner un peu pour la prononciation, parce que ce serait étrange une langue écrite qui ne se prononce pas.)