jeudi 10 octobre 2019

Avant qu'il ne soit trop tard

Les agriculteurs dits "traditionnels" ou conventionnels" (comme si c'était la tradition ou une convention communément admise qui les poussait à utiliser la chimie pour faire pousser leurs plantes) en ont assez de ce qu'on appelle aujourd'hui "l'agribashing". Assez d'être critiqués et malmenés de toute part.
Personne ne niera qu'il s'agit là d'une profession parmi les plus difficiles qui soient. Mais personne ne contestera non plus que l'agro-industrie s'est embarquée - et a embarqué les siens - dans une voie aujourd'hui intenable. Elle a fait le choix d'une agriculture de plus en plus folle, qui coûte cher à la terre (avec ou sans majuscule).

On peut évidemment rejoindre les agriculteurs dans leurs critiques des traités internationaux qui font voyager à travers la planète céréales, légumes, viandes et produits laitiers. C'est localement qu'il faut acheter et consommer, en particulier les aliments. Ce qui implique la fin des importations. Et donc aussi des exportations. Ça fonctionne dans les deux sens.
Ce n'est cependant pas pour leur opposition aux importations qu'ils sont aujourd'hui critiqués. Mais surtout pour leur usage des pesticides qui empoisonnent la vie. La leur en premier lieu, celle des riverains aussi, de la terre, des insectes, des oiseaux, des rongeurs, de l'eau, de l'air. Les pesticides sont par définition des poisons. Dont on peut se passer. L'agriculture biologique le démontre.
Mais les agriculteurs dits traditionnels sont prisonniers de plusieurs décennies de conditionnement. Ils sont dans "la servitude volontaire", malgré les appels et les mises en garde qui se multiplient depuis si longtemps. Les pesticides leur facilitent la vie, ils réduisent leur travail et sont par-fai-te-ment-in-o-ffen-sifs, leur ont toujours juré les vendeurs de chimie, appuyés par le principal syndicat agricole français, la FNSEA. De pères en fils se refilaient les mêmes méthodes, les mêmes marques, la même fuite en avant. Jusqu'à ce que de plus en plus de professionnels du sol en deviennent malades ou, pis, en meurent.
Mais ceux-là, la FNSEA ne les connaît pas. Ou plus.
Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole, déplore l'agribashing. Elle demande "que les gens se respectent" (1). Entendez par là qu'on cesse de critiquer les agriculteurs pour leur usage des pesticides et qu'on ne les empêche pas de travailler en épandant des pesticides là où ils le veulent.
"Je comprends les craintes quand elles sont fondées", dit-elle. Mais elle s'étonne qu'on ait trouvé des traces de glyphosate dans l'urine d'opposants alors qu'aucune analyse n'en a relevé chez des agriculteurs, pas plus chez elle. Elle ignore sciemment - et ce faisant les méprise - tous les agriculteurs qui souffrent de graves problèmes de santé dus à un contact avec ces poisons que sont les pesticides (2). "Il y a eu beaucoup d'exagérations sur le sujet", selon elle, même si elle affirme comprendre l'inquiétude. "Il y a eu une polémisation avec la distance de 150 mètres. Mais aucune donnée scientifique ne dit que c'est la bonne distance." De nombreuses analyses scientifiques mettent pourtant en garde sur les graves dangers que font courir les pesticides. Ceux-ci sont d'ailleurs interdits les uns après les autres. Et aussitôt remplacés par de nouveaux dont on n'a pas encore pu démontrer la nocivité.
"Depuis 2015, dit encore Christiane Lambert, nous mettons en œuvre des mesures pour protéger les publics sensibles. La solution n'est pas dans des distances, mais dans des équipements, des horaires et des dispositions adaptés." On peut donc lire entre les lignes que les pesticides constituent, pour elle aussi, un problème. Même si elle n'est pas prête à une vraie remise en question de ces pratiques.

L'industrie chimique, elle, s'adapte, contrainte et forcée. Et si elle se voit obligée d'abandonner certains produits jugés toxiques, elle n'a aucun scrupule à continuer à les vendre jusqu'au bout. En témoigne la publicité ci-dessous qui, "avant qu'il ne soit trop tard", invite les agriculteurs à se fournir en époxiconazole, un fongicide très bientôt interdit, parce que soupçonné par l'ANSES (l'Agence  nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation), d'être un perturbateur endocrinien" pour l'être humain et les organismes non-cibles", de présenter "un niveau de danger préoccupant pour l'Homme et l'environnement", d'être "susceptible de nuire à la fertilité" et "susceptible de provoquer le cancer".
Récemment, on entendait des agriculteurs affirmer que les pesticides sont des médicaments pour les plantes. On conviendra que mieux vaut éviter les médicaments qui provoquent le cancer.

Les agriculteurs le savent: pour mettre fin à l'agribashing, il faudra en passer par l'agrichanging.

(1) https://www.franceinter.fr/emissions/on-n-arrete-pas-l-eco, émission du 5.10.2019.
(2) voir www.phyto-victimes.fr

CONSEIL D'EXPERT 


Arthur : expert
                                                phyto
Arthur, Expert phyto 

Phytosanitaire Fongicide : Anticipez vos achats avant qu'il ne soit trop tard !
" Cette année de nombreuses molécules vont être retirées du marché et il faudra être prévoyant pour concevoir son programme phytosanitaire. L'époxiconazole est l'une d'elle. Elle sera retirée de la distribution le 30/11/2019, mais un délai de grâce permettra de l'utiliser jusqu'au 30/07/2020.
Il parait donc important d'anticiper ses achats au plus tôt sur des produits composés de cette molécule : " 

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