dimanche 20 octobre 2019

Ne souriez pas, vous êtes filmés

On connaît mal l'humour turc. C'est quelque chose. Appeler sa guerre "Source de paix", c'est drôle. Pas au point de hurler de rire, mais enfin, il faut reconnaître qu'Erdogan est un vrai pince-sans-rire. Ce qui nous amène à cette question: les chefs, les vrais, les durs, les mecs sourient-ils? Combien de fois a-t-on vu sourire Poutine, Trump, Erdogan, Bolsonaro? Y a-t-il une photo où l'on voit Hitler sourire? Un chef, un vrai, ne doit pas se laisser aller à l'émotion et toujours montrer qu'il contrôle la situation. Et qu'elle est grave. Heureusement qu'il est là, doit-on se dire en voyant qu'il prend la situation très au sérieux. Le chef doit apparaître décidé, voire pugnace. Il doit s'exprimer par coups de menton et peut seulement, de loin en loin, laisser voir un rictus qui peut donner l'illusion d'un sourire.
Y a-t-il eu un jour dans le monde autant de tristes sires à la tête d'autant d'Etats? Nous voilà dans "un monde de dingues", comme l'écrivait récemment Jean-François Khan dans Le Soir. 
Donald Trump fait, plusieurs fois par jour, tout ce qu'il peut pour nous en convaincre, multipliant bêtises, provocations, agressions et contradictions. Bolsonaro hurle que l'Amazonie lui appartient et qu'il en fait ce qu'il veut. Il injurie le président Macron pour aussitôt lui demander de retirer ses insultes. Le taureau nationaliste Boris Johnson, rappelle Jean-François Khan, a autorisé la reprise de British Steel par un fonds de pension de l'armée turque. Hier, totalement schizophrène, il a envoyé deux lettres à la Commission européenne, qui disent le contraire l'une de l'autre. L'une est signée, l'autre pas. 
On voit par là qu'une profession d'avenir reste celle de psychiatre.

(1) "Johnson, Bolsonaro, Trump... : un monde de dingues", Le Soir, 2.9.2019.

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