lundi 7 octobre 2019

Le charme fou des perdrix

C'est un OVNI dans le ciel cinématographique, mêlant amour, absurde, tendresse, poésie, mélancolie et géodrilologie (l'étude des vers de terre). Rien de moins. Et beaucoup plus.
"Perdrix", c'est le titre du film et le nom d'un jeune capitaine de gendarmerie, celui de son père mort dix ans auparavant à qui la famille continue à rendre hommage chaque soir avant de dîner sous sa photo. 
Dans ce coin perdu des Vosges, la brigade de gendarmerie mène une vie tranquille, qui permet à chacun de ses membres de se consacrer à ses activités favorites: l'un étudie des chansons de Manset, un autre pratique des jeux vidéos, un troisième réfléchit, le capitaine lit le poète allemand Novalis.
Seul souci pour les gendarmes: la présence dans la région d'une bande de naturistes révolutionnaires qui dépouillent les gens de tout ce qui leur paraît superflu. Juliette en est victime, elle qui de passage dans le coin se fait voler sa voiture et tout ce qu'elle comporte. C'est-à-dire toute sa vie, puisqu'elle se balade au hasard  à travers la France, sans port d'attache. Et même sans attache du tout. Ce n'est pas son genre. Avec sa voiture, c'est sa vie qu'elle a écrite dans des dizaines de cahiers qui disparaît. Entre le capitaine ancré là par la vie et celle qui fuit la sienne commence alors un ballet d'attraction-répulsion.
Le film présente aussi une belle galerie de personnages: la mère Perdrix qui joue à Radio Confidences (et confidentielle) dans son garage, le frère Perdrix passionné de vers de terre, la nièce Perdrix qui veut quitter cette maison aux papiers peints étouffants.

"Perdrix" est un film qui prend son temps. Le temps d'installer un plan, de se regarder, d'essayer de se comprendre, de poser des silences. Le temps aussi de nous faire entrer dans de sublimes paysages des Vosges.
Erwan Le Duc, le réalisateur, a de belles références : les Monthy Python, Wes Anderson, Aki Kaurismaki. Le mélange des influences et des genres donne un film au charme fou qu'on a peine à quitter.
Avec Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant, Nicolas Maury, Patience Muchenbach.

https://www.telerama.fr/cinema/erwan-le-duc,-realisateur-de-perdrix-mon-film-nest-pas-forcement-aimable,n6344256.php

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