dimanche 5 avril 2020

Corona et corano sont dans un bateau

Les religions ne veulent pas être en reste par rapport à celles et ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes, même en ces temps de pandémie. Elles participent à la propagation du virus. La distanciation, non. La magie, oui.
L'église orthodoxe russe refuse d'annuler ses offices publics. L'église catholique l'a fait, mais un curé de l'Isère organise des messes clandestines chez des particuliers. Et des catholiques traditionalistes organisent des messes, du côté de Lyon et de Nantes, parce que "le moyen le plus excellent" contre la pandémie est la prière et que "se rassembler dans les églises" a de tous temps été le plus sûr moyen de vaincre les épidémies.
En Israël, le rabbin Kanievsky affirme que suspendre l'étude de la Torah dans les écoles qui s'y consacrent représenterait un plus grand risque pour la survie du peuple juif que la propagation du Covid-19. En Iran, des dizaines de lieux saints et de mausolées sont longtemps restés ouverts alors que l'épidémie était déjà bien active dans le pays. On a pu voir des fidèles lécher la surface de lieux saints réputés protéger du coronavirus. En Malaisie, 16.000 croyants se sont rassemblés dans une mosquée pour prier et échanger ainsi le virus entre eux. 
La moitié des cas de coronavirus de Corée du Sud trouveraient leur origine dans une messe. Et si la région Grand-Est en France est si touchée, c'est qu'un grand rassemblement évangélique a contribué à la transmission du virus. A Cluj, en Roumanie, un prêtre a utilisé une seule et même cuillère pour distribuer la communion à des centaines de croyants.
Selon Daech, la contamination se produit "par ordre de Dieu". Le groupe islamiste invite ses adeptes à se réfugier en Dieu pour échapper à la maladie, mais leur conseille néanmoins de se couvrir la bouche et de se laver les mains. Mais peut-on s'opposer à la volonté divine? 
L'imam de Brest appelle à effectuer les invocations: "toute personne qui dit ces paroles trois fois le matin et trois fois le soir, aucun mal ne le touchera", assure-t-il. Hani Ramadan affirme que le coronavirus est la conséquence du fait que "les hommes se livrent ouvertement à la turpitude, comme la fornication et l'adultère". Fait-il là allusion à son frère? Il appelle à "se conformer aux directives médicales", mais aussi à être "assidu dans les invocations".
En Ukraine et en Géorgie, des prêtres arrosent les rues d'eau bénite censée annihiler le virus. En Inde, c'est la consommation d'urine de vache qui aura cet effet, si l'on en croit certains religieux.

Donc, si on comprend bien certains des leaders et des fidèles de différentes religions, le coronavirus est un mal répandu par leur dieu pour punir les hommes. Et les religions, en ne changeant rien à leurs pratiques cultuelles, prétendent en protéger tout en contribuant à le répandre, directement ou indirectement.
Récemment, on a vu un panneau électronique dans un bourg français appelant ses habitants à prendre leurs distances les uns avec les autres et rappelant que même les "gens saints" (sic) devaient agir de la sorte. On voit ici que les gens saints (ou qui aimeraient l'être) sont les moins sains. De corps et d'esprit.

Et pendant l'épidémie de coronavirus, se poursuit celle du coranovirus (1): dans la Drôme hier, un terroriste a tué deux personnes et en a blessé cinq autres, dont deux grièvement, en criant Allah Akbar. Il a écrit regretter s'être réfugié dans un pays de mécréants. 
Par les temps et les virus qui courent, il apparaît pourtant que l'avenir appartient moins que jamais aux croyants.

D'après "Les boutiquiers de Dieu concurrencés par le coronavirus", Inna Shevchenko, Charlie Hebdo, 1.4.2020 et
https://charliehebdo.fr/2020/03/religions/une-petite-priere-pour-lutter-contre-le-coronavirus/
(1) d'après un dessin de Charlie Hebdo il y a quelques semaines.

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