dimanche 21 novembre 2021

Cause toujours

La COP26 est un échec. Les promesses faites par les chefs d'Etat n'engagent que leurs successeurs. Les limites fixées dans le temps pour se passer d'énergies fossiles sont suffisamment lointaines pour qu'elles ne gênent leur réélection. En attendant, la forêt amazonienne peut continuer à brûler, le charbon être extrait, les avions et les bateaux les plus polluants à circuler. Des représentants de peuples et d'îles menacés de disparition ont eu beau exprimer leur inquiétude, leurs cris ne peuvent rien face au bruit du rouleau compresseur de la croissance. Ils seront sacrifiés sur l'autel de celle-ci. "Triste spectacle que l'humanité qui s'est déjà faite à l'idée qu'il lui faudra se séparer d'une partie d'elle-même", écrit Riss (1). Le directeur de Charlie Hebdo fait un parallèle avec les choix qu'ont dû faire les soignants parmi les malades du Covid ou ceux qu'ont dû faire les sauveteurs parmi les victimes du Bataclan entre ceux qui avaient une chance de s'en sortir et ceux qui n'en avaient pas ou peu. "Cette COP26 ressemble à un poste de secours où sont triés ceux qui seront sauvés et ceux qui ne le seront pas. Les tribus qui survivront et celles qui disparaîtront. Et la nôtre semble avoir été choisie: la tribu des pays riches, bien nourrie, bien grasse, bien au chaud dans ses maisons, calée devant un écran de télé alimenté par l'énergie nucléaire. Les autres devront se débrouiller seules." On pense à celles et ceux qui au début de la pandémie ne voulaient rien changer à leurs habitudes, ni masque, ni distance physique, ni vaccin, arguant du fait que seuls les vieux mouraient de ce virus et qu'il faut bien mourir de quelque chose. Le même égoïsme pour ne rien changer à son confort personnel.
"Notre société moderne est construite sur l'idée du bien-être, de la facilité et du plaisir. les privations, les restrictions, les renoncements sont vécus non seulement comme des contrariétés personnelles, mais comme un échec civilisationnel." Dans le non-débat actuel sur la problématique énergétique, rares sont ceux qui évoquent la nécessité de diminuer nos consommations d'énergie et donc la production. Nous en voulons toujours plus, pour faire rouler les véhicules électriques, alimenter tous nos appareils branchés sur la 5G, rester connectés partout et tout le temps, produire toujours plus pour pouvoir consommer toujours plus, parce que nous avons été éduqués comme cela, en consommateurs voraces, en boulimiques insatiables. "Cette crise climatique nous déstabilise, écrit encore Riss, car elle met à l'épreuve la solidité de nos valeurs. Sommes-nous les créatures sophistiquées et raffinées que nous pensons être, ou au contraire de banals mammifères qui, pour sauver leur peau, n'hésiteront pas à dévorer leurs congénères ? Le choix sera non seulement difficile à faire, il sera encore plus terrible à assumer. En jouissant d'une vie qui devrait tout au sacrifice de celle des autres."

(1) Riss, "Morituri", Charlie Hebdo, 10.11.2021.

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