lundi 15 novembre 2021

Le MélenChe, un festival à lui tout seul

On ne l'arrête plus, le MélenChe. Depuis qu'il se voit en sauveur et en champion de la gauche (malgré un piètre score dans les sondages), il distribue les bons et les mauvais points autour de lui. Yannick Jadot, candidat écologiste, vient d'en recevoir de bons: "je suis très satisfait de lui parce qu’il a élargi le champ de nos idées, sur la planification écologique, sur le protectionnisme… Il avance bien” (1). Le maître est content, mais trouve cependant que cet élève peut mieux faire.
Il a mis au coin François Hollande. "Au secours, le zombie Hollande est de retour, s'écrie Mélenchon. Plus méchant que jamais, il mord tout ce qui bouge. Changez de trottoir quand il passe." (2) Comme l'écrit Charlie Hebdo, il change de trottoir quand il voit Hollande, mais traverse la rue pour bavarder avec Zemmour. 

Jean-Luc Mélenchon reste convaincu que son heure arrive: celle du grand soir. "Il y a une classe moyenne qui hésite. Elle se lève zemmourienne, puis elle déjeune jadotiste et se couche mélenchoniste", dit-il (3). Le problème, c'est que quand on se couche, en général, c'est pour dormir. Et il n'est pas sûr qu'on fasse de beaux rêves en s'endormant mélenchoniste. D'autant que l'avenir qu'il se voit a de quoi inquiéter: "si je suis élu, je me considèrerai comme un chef d'Etat latino-américain" (4). On ne sait s'il se voit en Lula, en Bolsonaro, en Maduro, en Castro ou en Peron. Ou alors en Ortega, cet ex-rebelle marxiste devenu sombre dictateur.
Et on craint effectivement que ce soit dans cette catégorie des autocrates qu'il se classe quand on lit ses déclarations sur Taïwan: " Les Chinois n'ont pas l'intention d'envahir Taïwan, mais si Taïwan se déclare indépendante, alors, il est possible, à juste titre, que la Chine trouve qu'une ligne rouge a été franchie, donc il faut trouver le moyen qu'il ne se passe rien" (5) On voit par là que le MélenChe est déjà en train de justifier l'injustifiable. Comme l'écrit Guillaume Erner, "Taïwan n'a pas à se déclarer indépendante: l'île l'est de facto. Elle a une armée, une monnaie, accorde des visas. la seule chose qui la distingue d'un pays souverain, c'est le refus chinois. A priori, entre une dictature implacable et une démocratie, le choix devrait être rapide...". Mélenchon visiblement a fait le sien. Un ami qui connaît bien Taïwan me disait qu'il y a quelques années le MélenChe avait comparé la présidente taïwanaise, élue au suffrage universel, à Marine Le Pen: elle refuse la mainmise de la Chine, donc elle est anti-communiste, donc elle est d'extrême droite. Quand les analyses politiques sont aussi simplistes, elles vous mènent au goulag.

A (re)lire sur ce blog: notamment "Merci, Jean-Luc", 20.10.2018.

(1) https://www.huffingtonpost.fr/entry/presidentielle-jean-luc-melenchon-tres-satisfait-de-yannick-jadot-enfin-presque_fr_618e2c30e4b0a96e518c4ad8
(2) Twitter, 20.10.2021, cité par Charlie Hebdo, 27.10.2021.
(3) L'Obs, 14.10.2021, cité par Charlie Hebdo, 20.10.2021.
(4) Libération, 21.10, cité par Charlie Hebdo, 27.10.2021.
(5) Guillaume Erner, "Mélenchon le mandarin", Charlie Hebdo, 27.10.2021.

2 commentaires:

Didier L. a dit…

C'est tout à fait ça !

Bernard Tomasi Debeire a dit…

Pétillant d'intelligence, de justesse... et de drôlerie (je me suis bidonner à "Le problème, c'est que quand on se couche, en général, c'est pour dormir").
Et le problème pour moi c'est qu'après je n'ai plus rien à dire. Grand plaisir et intérêt à lire ces chroniques...