jeudi 19 mai 2022

Chaud devant !

Quand va-t-on enfin mettre fin au capitalisme punitif ? Un peu partout sur la planète, il fait excessivement chaud. Il est des pays où on meurt de chaleur, d'autres d'incendies, la famine menace.
Les concentrations de gaz à effet de serre, l'élévation du niveau de la mer, la température et l'acidification des océans ont tous établi de nouveaux records l'année dernière, a déclaré l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son "État du climat mondial en 2021" (1).
La quasi totalité du territoire français risque de connaître cet été une sécheresse sans précédent (2). Une sécheresse intimement liée au dérèglement climatique. On en connaît les causes, elles sont multiples, mais toutes liées à nos modes vie insouciants (mais plus inconscients), consommateurs d'énergies fossiles et producteurs de CO2 : industrie, chauffage, mobilité, agriculture, il y a une extrême urgence à changer radicalement nos pratiques dans tous ces secteurs.
Et on continue à entendre ce slogan stupide : non à l'écologie punitive (3). Alors que c'est le capitalisme qui punit la planète. L'écologie, elle, est punie. Et avec elle l'ensemble des êtres vivants de cette planète.

Comment changer radicalement et rapidement de cap ? La grande majorité des gouvernements dans le monde traîne des pieds. La plupart ne bouge même pas. 
"Il existe une incompatibilité radicale, organique, entre les impératifs écologiques et la manière dont est organisé notre système politique", affirme Léo Cohen qui fut conseiller de Barbara Pompili, secrétaire d'Etat chargée de la biodiversité, puis de François de Rugy, ministre de la Transition écologique (4). "Les politiques écologiques ont leurs caractéristiques propres : transversalité, temps long, difficulté à les mettre en œuvre socialement, parce qu'elles touchent à l'intime, à la manière dont il va falloir se loger, se nourrir, se divertir, voyager... Tous les mécanismes de notre système politique percutent ces spécificités."
Selon lui, "le credo de l'action publique, ce sont des finances saines, pas un environnement sain". L'enjeu climatique n'est pas un axe central de l'action publique. Léo Cohen estime qu'il manque une vision enfin réellement transversale de l'action des instances publiques. L'environnement ne peut plus être l'affaire d'un ministère isolé. Il propose de former les hauts fonctionnaires : qu'ils passent du temps avec des scientifiques qui leur feraient prendre conscience des impacts environnementaux de leur secteur. Il suggère également de "faire bouger les agents et les confronter soit à des problématiques climatiques, soit à des territoires soumis à de forts enjeux environnementaux". Il n'en manque, hélas, pas.
Pour plus transparence, il propose également qu'une loi oblige les lobbyistes à publier les amendements qu'ils remettent à des élus ou à des membres du gouvernement".

Emmanuel Macron vient de nommer une nouvelle première ministre : Elisabeth Borne sera aussi chargée de mettre en œuvre la planification écologique. "Emmanuel Macron a rendez-vous avec l'Histoire, estime Léo Cohen : s'il ne s'approprie pas le défi climatique, on le considèrera comme un président passé à côté d'un enjeu de civilisation." Macron a en outre une dette vis-à-vis des électeurs écologistes qui ont permis sa victoire. 
Reste à faire adhérer les citoyens à une vraie politique écologique. Le pouvoir d'achat apparaît aujourd'hui comme le sujet majeur pour nombre de citoyens, avant le climat. Mais les deux sont liés. Une politique énergétique nouvelle peut faire diminuer les factures des consommateurs. "Pour réussir une transition écologique, il y a trois composantes : l'incitation au début, la contrainte à la fin et, entre les deux, l'accompagnement". En accompagnant prioritairement celles et ceux pour qui la transition peut être difficile et en se concertant avec les associations et les syndicats.

Ajoutons que c'est au niveau international que doivent être prises en la matière des décisions et des contraintes fortes (les anti-UE ont adopté une position suicidaire). Le Parlement européen semble décidé à s'y atteler (5). Encore une fois, l'urgence est extrême. 

(2) https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/18/la-majorite-du-territoire-francais-risque-la-secheresse-cet-ete_6126705_3244.html
(3) (Re)lire sur ce blog "Capitalisme punitif", 7.5.2019.
(4) "Un super héros vert ?", Télérama, 4.5.2022.
(5) https://www.lalibre.be/planete/environnement/2022/05/18/les-eurodeputes-musclent-le-paquet-climat-2030-WVUHDY7SLZBUHFLJZGJCVI47SM/ 

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